Oliban, adieu résine sacrée ?

L’oliban est l’encens que je préfère car son parfum est aussi agréable qu’efficace dans un contexte rituel et magique.

L’encens pur est la nourriture des dieux et il brûle sur les autels depuis des temps anciens. Des temples grecs à ceux des égyptiens et du peuple juif.

Hélas, l’arbre dont est extraite cette précieuse résine serait en voie d’extinction. Une étude récente a été conduite par des chercheurs néerlandais sur les populations des Boswellia en Éthiopie. Ces arbres pourraient disparaitre de moitié d’ici une quinzaine d’années voire totalement dans une cinquantaine d’années.

Les causes principales du déclin rapide des Boswellia seraient les brûlis, le sur-pâturage et les insectes parasites. Les brûlis désignent les défrichages de terrains, dans le but de les fertiliser, par le brûlage des herbes et broussailles. Quant au sur-pâturage, les chèvres en grand nombre y sont pour beaucoup, grimpant aux arbres et s’entraidant pour manger jusqu’à l’écorce. Et les insectes parasites, des capricornes, terminent le travail en se rabattant sur les plants restants. Vraisemblablement, l’extraction de l’encens n’y serait pas pour grand chose dans cette histoire.

Pour information, l’étude en question a été publiée dans le « British Ecological Society’s Journal of Applied Ecology ».

Suite à cette mauvaise nouvelle, je vivrai sur mon dernier gros stock d’oliban  et quand il sera terminé, je me rabattrai sur la résine de pin locale. Cela dit, je n’ai rien lu concernant les Boswellia d’Inde ainsi que ceux d’autres coins d’Afrique.

Encens maison à base d’oliban dédié au Soleil, à la Lune et à la Terre

Un encens pour Samhain

J’ai pris beaucoup de plaisir à confectionner l’encens de Paul Huson dont je parlais précédemment (encens sabbatique). Comme avec les recettes de cuisine, je n’ai pas pu m’empêcher d’adapter. Je me suis servie d’un vieux moulin à café électrique retrouvé dans les placards de la maison quand nous avons emménagé. Un de ces modèles datant des années cinquante, le genre d’objet solide, efficace et qui a une âme. J’ai commencé par mixer la verveine avec le laurier. Rien qu’à ce moment, j’avais envie de m’en tenir à ces deux plantes, le parfum était irrésistible. Mais, en faisant du rangement ces jours-ci, je suis tombée sur mes anciens carnets magiques et sur l’un d’entre eux, j’avais noté combien l’odeur de la verveine brûlée m’était déplaisante. Un heureux hasard. J’ai donc poursuivi et j’ai ajouté de l’armoise amère, des fleurs d’absinthe, du patchouli, des épines d’épicéa et de cyprès bleu. Seul le patchouli n’est pas une de mes récoltes. Avec les fleurs d’absinthe, le mélange a pris un aspect duveteux, un peu comme lorsqu’on mixe la molène… Le parfum restait un enchantement. Je pense que la prochaine fois, pour ces fleurs là, je troquerai mon moulin électrique contre mon mortier et son pilon. C’est d’ailleurs ces derniers que j’ai employé pour moudre mon oliban, histoire de m’épargner un nettoyage pénible des lames du moulin.

Une fois mélangé au reste, j’ai ajouté sans doute trop d’huile essentielle de girofle et trop peu de pin. J’ai versé du vin de noix. Artus en avait préparé deux versions l’an passé pour les rituels d’initiation, l’une au vin blanc, l’autre au vin rouge. C’est donc la deuxième que j’ai choisi. Avec l’âge, c’est devenu une petite merveille que je vous recommande chaudement : la recette au vin blanc est ici. Je donnerai la version vin rouge au solstice d’été prochain, à l’époque des noix vertes.

Puis j’y ai mêlé quelques cuillères à café de miel des ruches familiales. Un pur délice. Moi qui ne suis pas une grande fanatique de miel, quel parfum, quelle puissance, quelle couleur ! Rien à voir avec le miel du commerce. Je ne savais même pas que cela pouvait ressemblait à cela.

Je n’ai pas ajouté l’huile essentielle de patchouli. Je crois que je n’en ai plus, du moins, je ne l’ai pas retrouvée. J’ai mélangé le tout, le résultat est une pâte homogène dont j’ai laissé la moitié dans un pot, histoire qu’elle repose et que toutes les fragrances se mélangent parfaitement, et l’autre moitié, je l’ai divisée en petits cubes que j’ai mis à sécher tranquillement dans un coin.

Verdict

Au bout de trois jours, lorsque l’encens a été suffisamment sec, je l’ai testé sur un charbon ardent. J’ai trouvé le parfum de cet encens assez surprenant et agréable.

Probablement grâce à l’oliban, cet encens m’a semblé actif, mais je ne l’ai pas encore utilisé dans un cadre rituel, avec les pratiques spirituelles qui vont bien.

Ma version improvisée de l’encens

Pour résumer, si la chose vous intéresse, voici ma version légèrement modifiée.

Mixez une petite poignée de :

  • Verveine (odorante),
  • Feuilles de laurier,
  • Fleurs d’absinthe,
  • Armoise,
  • Patchouli,
  • Épines d’épicéa,
  • Épines de cyprès bleu,

Écrasez dans votre mortier :

  • oliban

Ajoutez les ingrédients humides :

  • vin de sabbat,
  • quelques gouttes d’huile essentielle de pin,
  • quelques gouttes d’huile essentielle de girofle,
  • quelques cuillères à  café de miel.

Je pense que je recommencerai l’expérience bientôt, sans doute avec beaucoup moins d’ingrédients. J’ai beaucoup aimé ajouter du vin et du miel : un vin de sabbat largement chargé et un miel riche de symboles.

Teinture végétale, la scabieuse des prés

scabieuse mauve, en pleine floraison actuellement

Voici la suite de l’article précédant… Et la fameuse fleur commune dans nos prés auvergnats :)

La scabieuse des prés ou succise mors-du-diable

Succisa pratensis

(jaune-vert)

C’est encore dans le Larousse que j’ai trouvé l’information suivante : « Les feuilles de la succise forment une matière colorante verte qu’on emploie dans les campagnes pour colorer les œufs. »

Pour teindre :

Cette fois, tout en suivant la même recette, jetez l’eau bouillante sur la plante entière, vous obtiendrez un jaune-vert très intéressant.

Extrait du livre « ‘teintures et couleurs naturelles » par Catherine Willis, éditions Dessain & Tolra.

Teinture végétale, la scabieuse jaune pâle

Scabieuses non écloses

Dans nos prés pousse une jolie fleur d’un mauve délicat. L’an passé, à l’automne, j’ai remarqué que nos chèvres appréciaient particulièrement de manger leurs feuilles. Comme toujours face à un végétal qui m’est inconnu, j’étais intriguée et je désirais connaitre le nom. Une charmante vieille dame du hameau d’à côté m’avait donné son nom en patois mais à vrai dire, cela ne m’avait pas beaucoup aidé !

C’est en parcourant un e-books sur les plantes sauvages, classées par couleur, que j’ai découvert la scabieuse.

Plus tard, la Renarde m’a prêté son livre sur les « Teintures et couleurs naturelles », écrit par Catherine Willis, qui m’a appris que cette belle fleur était utilisée pour colorer les tissus.

En voici quelques extraits. Je commence par la scabieuse jaune, les autres suivront les jours à venir :

Scabieuses, les recettes

La scabieuse jaune pâle

scabiosa ochroleuca,

(jaune pâle ou bleu-vert bronze)

Comme les autres scabieuses, elle est tout l’été couverte de papillons. On la trouve chez les pépiniéristes ou on peut en demander des graines à des jardiniers. Elle se ressème abondamment même si elle ne vit pas extrêmement longtemps à l’état naturel, elle pousse plutôt dans les pinèdes sèches et les talus rocheux.

Pour teindre :

Commencez par verser de l’eau bouillante sur les fleurs récoltées (poids pour poids avec le textile à teindre) dans une bassine. Ajoutez une cuillère à café d’alun et 1/2 cuillerée de crème de tartre ; puis laissez mijoter doucement une heure et laissez refroidir. Immergez les textiles. Vous obtiendrez un jaune pâle, qui trempé 1 minute dans un bocal de jus de faire, vire vers des bleu-vert bronze pâles différents suivant la nature du textile.

Mordant naturel :

L’alun : on le trouve  sous la forme d’eau d’alun, connus des Égyptiens et des Chinois depuis l’Antiquité et de tous les teinturiers traditionnels. Elle est extraite de différentes carrières, dont Rocca en Syrie, qui lui a donné son nom bizarre de « pierre de roche ». Elle a aussi des propriétés adoucissantes et hémostatiques, « calme le feu du rasoir » et cicatrise les petites coupures.

Adjuvant :

La crème de tartre : c’est du potassium hydrogéno-tartrate (à commander dans un laboratoire). On l’utilise toujours avec de l’alun pour augmenter l’absorption de la fibre et assure une meilleure répartition du colorant.

Modificateur :

Le jus de fer : le jus de fer fera virer les jaunes vers le gris-vert. Utilisez-le toujours très brièvement, surtout pour la laine et la soie, et rincez ensuite abondamment. Mettez quelques vieux clous de « fer rouillé » dans un bocal. Versez dessus 1/4 de vinaigre d’alcool et 3/4 d’eau. Attendez une semaine que l’eau ait une couleur rouille. Il est pratique de conserver ce jus de fer dans un récipient en plastique à bec afin de pouvoir en verser très peu à la fois. Ce jus ne doit pas être employé dans l’eau des bains, mais à part.

Le Vin sabbatique de Paul Huson

Ce n’est déjà plus l’époque mais peu importe, voici une recette de vin de sabbat, extrait du livre de Paul Huson : Guide Pratiques des Sorciers, Sorcières, et Couvents de Sorciers. Traduit de l’anglais par Raymond Albeck. J’aimerai la tester l’an prochain !

Le Vin sabbatique

N’importe quel vin fera l’affaire. Pendant l’hiver, dans beaucoup de covens, on additionne au vin rouge des herbes aromatiques et des épices. On peut aussi employer un mélange de cidre doux et sec et d’eau-de-vie, dans lequel on aura fait mijoter des tiges de cannelle et des oranges truffées de clous de girofle.

Toutefois, des sorciers ambitieux utilisent un cordial dont la confection est extrêmement compliquée ; puisqu’il faut le distiller. Mais rien ne vaut mieux comme boisson d’été :

Prenez environ 170 g de fleurs de jacinthe,

60 g de pétales de violette,

60 g de pétales de giroflée des murailles,

60 g de pétales de jonquille,

60 g de poudre d’iris,

15 g de muscade en poudre,

Environ 50 g d’essence d’orange ou de citron,

60 g de fleurs de lis.

Et voici ce que vous en ferez :

Vous écraserez ensemble, vers la fin mars (en fait à la saison des jacinthes) vos pétales de jacinthe, votre racine d’iris et votre muscade dans environ douze litres d’alcool, en vous servant d’un récipient en verre. Vers la fin avril, vous ajouterez vos jonquilles puis les giroflées et les lis. Pendant une semaine vous remuerez le liquide chaque jour, puis vous procéderez à la distillation de cette liqueur, très lentement, avec beaucoup de soin, en utilisant de préférence un bain-marie.

Cette essence de fleurs est particulièrement puissante et, en réalité, il s’agit davantage d’un parfum que d’une vraie liqueur. Toutefois, vous pouvez l’ajouter à votre vin, si vous ne voulez pas la consommer telle quelle.