Dame Holle, équinoxe d’automne et tissage

Frau Holda par Nigel Jackson

Le soleil est toujours là et pourtant l’automne se fait déjà bien sentir. Son énergie est palpable. J’adore sentir les changements des saisons. L’arrivée de l’automne annonce Mabon et bientôt Samhain. Deux fêtes toujours très heureuses pour moi, riches de magie puissante et d’enseignements.

Avec la venue de l’automne, je ne cesse de rêver de ma grand-mère et de la couverture qu’elle utilisait pour guérir. Je ressens l’envie de confectionner ma propre couverture, de filer sa laine, de la teindre et de la tisser. Une envie que je pourrais peut-être réaliser l’an prochain, après la tonte des brebis familiales. En attendant, je pourrais peut-être coudre une jolie couverture matelassée.

Je partage avec vous encore un peu de mes lectures. Voici un texte traduit rapidement :

Équinoxe d’automne

par Müller-Ebeling, Rätsch et Storl, traduction Lune

Les équinoxes de printemps et d’automne sont deux des quatre points cardinaux de l’année solaire. On raconte que les sorcières récoltaient les plantes lors de ces journées d’équinoxe […]. À l’époque du printemps, Frau Holle apparaît comme le jardinier qui apporte les vertes et fraiches herbes, donneuses de vie. À l’inverse, elle apparaît comme la déesse des récoltes lors de l’équinoxe d’automne. C’est lorsque les fruits et les noix ont été ramassés et les récoltes d’automne rentrées, que la vie se retire progressivement dans les granges et greniers. Les anciennes fêtes païennes des récoltes, qui célèbrent la Déesse et le Dieu des récoltes par des banquets, des festins, des divertissements et des pèlerinages aux cimetières, perdurent à travers les coutumes traditionnelles de la Saint-Michel. L’archange Michel, chef des légions célestes, remplaça les dieux des récoltes, tels que Lugh, Jupiter et Thor.

Selon le calendrier agricole, la Saint-Michel (29 septembre) était considérée comme le début du travail hivernal – le filage, la fabrication des fils : féminin ; le tissage : masculin – qui se prolongeait jusqu’à la Chandeleur (2 février). On dit : « Lorsque Michel éteint la lumière, les ouvriers agricoles doivent commencer le filage. » Les gens chantaient lorsqu’ils filaient diligemment dans ce qu’on appelait la pièce à filage ou balancement. Les femmes s’en allaient – ou comme on disait – « en voyages à balancement », « en voyages de femmes ». Les grands-mères racontaient des histoires, issues des expériences de leur vie, à propos des problèmes du village. Les histoires d’amour étaient passées en revue et les jugements étaient rendus contre ceux qui avaient offensé les bonnes mœurs. Ainsi les femmes filaient et tissaient – comme les Parques elles-mêmes – le destin futur du village et de la tribu avec leurs pensées et leurs conversations.

« Ce qui reste secret tout au long de l’année, se révèle au cours du Brechtelzeit* sacré. »

– Kärtner

En attendant, « la saison de la vieille femme » se passe par-delà la porte. Les fines toiles d’araignée, qui planent dans les airs, suspendues aux branches, sont considérées comme les fils du fuseau de Frau Holle. La déesse archaïque qui fabrique les fils de la vie de toutes les créatures et tisse leurs futurs, Frau Holle apparaissait parfois aux femmes durant les heures tardives de la nuit et les aidait dans leur travail.

* Le Brechtelzeit est la période de la Saint-Michel, lorsque les femmes battaient les fibres de chanvre et de lin pour les préparer au filage.

Extrait de Witchcraft Medecine.

Cierge de Notre Dame Sorcière

Je poursuis mon projet et après avoir commencé la confection de quelques huiles et encens que je maitrisais déjà, je me suis lancée dans la fabrication de « bougie sorcière » en m’inspirant de quelques-unes de mes lectures. J’emploie des feuilles de molène comme mèche, récoltées et séchées le mois dernier.

On raconte qu’au Moyen-Âge, la hampe de la molène était trempée dans du suif et utilisé comme torche. D’ailleurs, on donne à cette plante d’autres noms évocateurs, parmi ceux-ci on retrouve « Cierge de Notre Dame » ou encore « Fleur Grand Chandelier ». Les anglais parlent même de cierge de sorcière. J’ai d’ailleurs traduit ce qu’en dit Margaret Grieve dans son Modern Herbal.

Le duvet sur les feuilles et la tige font un excellent « amadou » lorsqu’ils sont secs, aisément inflammables à la moindre étincelle. Ils étaient, avant l’introduction du coton, utilisés comme mèche à lampe. C’est de là que vient l’un de ses autres noms anciens : « Candlewick plant » (ndlt : qu’on pourrait traduire en français par « L’herbe à Mèche-à-bougie »). Un vieille superstition raconte que les sorcières, lors de leurs incantations, utilisaient des lampes et des bougies avec des mèches de ce type, et l’un de ses autres nombreux noms est : « Hag’s Taper » (ndlt : « Cierge de la Vieille Sorcière), en référence à cela, bien que l’on dise que le mot « hag » provienne du mot Anglo-Saxon Haege ou Hage (une haie), le nom « Hedge Taper » (ndlt : « Cierge des Haies) existe également. Il laisse entendre que les hampes robustes de cette grande plante des haies, parsemées de fleurs jaunes pâles, peuvent suggérer un grand cierge poussant dans les haies, un autre de ses noms campagnards, en effet, est « Cierge de Notre Dame ». Lyte (The Niewe Herball, 1578) nous dit « que la hampe entière, avec ses agréables fleurs jaunes, manifeste l’idée d’une bougie ou cierge en cire habilement façonné ».

On utilise un autre nom encore pour cette plante : « Les  Torches », et Parkinson nous dit :

 » Verbascum provient de la regia Latines Candela, et Candelaria,  parce que dans les temps anciens les tiges étaient trempées dans le suif à brûler, que ce soit lors de funérailles ou en d’autres occasion. » *

* Note de Lune : Verbescum est un terme déjà employé par Pline l’Ancien, mais son origine reste obscure.


Frau Holle, la Dame au Sureau

Du haut de notre montagne, les baies commencent à mûrir ces jours-ci. J’ai débuté leur récolte avec en tête deux ou trois expérimentations, certaines médicinales pour la famille et d’autres magiques pour mon futur e-shop :) Je partage avec vous l’une de mes photos de baies encore vertes, prise il y deux semaines et un peu de mes lectures (extrait de Witchcraft Medecine, par Müller-Ebeling, Rätsch et Storl. Traduction Lune) :

Baies de sureau encore vertes

Le sureau (sambucus nigra) est un arbre sacré, un arbre rituel autour duquel on danse en cercle. Il était sacré pour Dame Holle, la « déesse sorcière ». Lors du solstice d’été, lorsque le sureau est en fleurs, on l’associait à l’extase des amours d’été.

À la Saint-Jean lorsque le sureau fleurit, c’est alors que l’amour est le plus grand !

On midsummer when the elder blooms, then love is even greater !

Les fleurs étaient trempées dans de la pâte puis frites pour en faire des  beignets de sureau au sucre. La personne qui en mangeait le plus était sensée exécuter le meilleur saut au-dessus du feu du solstice. À Allgäu, en Allemagne, le saindoux dans lequel avaient été frits ces beignets était conservé et utilisé comme baume médicinal. Généralement, on considère le sureau comme étant la « pharmacie » du fermier.

Écorce, baies, feuilles et fleurs,

Chaque partie recèle force et bienfait,

Chaque partie recèle plein de bénédictions !

De nouvelles plantes, de futures récoltes

Morelle Noire

D’ici une semaine ou deux, je pourrais continuer mes récoltes de plantes sauvages. J’ai découvert de nombreuses et vénéneuses morelles noires dans le pré d’à côté. J’avais déjà rencontré sa cousine la morelle douce-amère, mais elle, jamais encore. J’ai tout de suite reconnu en elle la solanacée :-p C’est une plante magique et l’on dit que l’infusion de ses feuilles aide à révéler les véritables souhaits de quelqu’un en aspergeant ce liquide sur son corps et tout autour de la pièce.

Angélique des Bois

De belles angéliques sauvages ont poussé dans les bois. Protectrices et purificatrices, j’irai les cueillir en cette époque de pleine lune, toutes épanouies et pleines de leurs pouvoirs  :)

Grande Camomille

Idem pour la grande camomille. Une plante solaire au parfum légèrement camphrée. Certains disent qu’elle est l’oeil de la déesse solaire Grainne.