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Allez, ça faisait longtemps que je n’avais plus traduit Rätsch et Müller. Cette fois, le texte n’est pas issu de Witchcraft Medicine mais de Pagan Christmas. The Plants, Spirits, and Rituals at the Origins of Yuletide.
Les Vieilles des Bois
Par Christian Rätsch et Claudia Müller-Ebeling. Traduction Lune.
« Vieille des bois » est le nom que l’on donne aux esprits féminins, ou âmes féminines, des plantes. Ces êtres enseignent aux humains les pouvoirs des plantes. « La Vieille » est la déesse païenne de l’hiver. Son amant est « l’homme vert », le dieu de l’hiver. Ils sont Frau Holle et Wotan. Pour eux, le houx, le lierre, le gui et les rameaux verts hivernaux étaient sacrés. « À une époque, les décorations de plantes à feuillage persistant furent interdites car « païennes », pourtant elles restent toujours ‘en vogue’ ». (Storl 2000b, 330*).
Quiconque, dans son jardin, fait une place aux plantes de genre Vinca (ndlt : pervenche) deviendra proche d’une « vieille des bois ». Dans les contes de fées et dans la langue vernaculaire, Vinca porte de nombreux et différents noms : la femme de la foret, la femme sauvage, la femme des mousses, Frau Holle, et Grand-Mère sempervirente (Golowin 1985, 81*). Ces noms communs sont aussi utilisés pour d’autres plantes forestières. Par exemple, l’achillée musquée (Achillea moschata) est également appelée demoiselle de la forêt et demoiselle sauvage ; le sureau (Sambucus nigra) est appelé Frau Holler ou simplement Holler; la fausse mandragore ou ail de la sainte-victoire (Allium victorialis) porte le nom de fräulein (mademoiselle) ; et la ballote (Ballota nigra) est connue sous le nom de vieille femme.
Nous connaissons la Frau Holle du conte de fées des frères Grimm « Goldmary and Pitchmary. » Dans l’ancien temps germanique, elle était révérée en tant que déesse de la Terre et de la fertilité, sous le nom de Hludana (Hlodyn, Hlödin), et en tant que mère mythique de Thor (Donar), le dieu du tonnerre. Frau Holle et son fils Donar sont associés à quasiment toutes les plantes sempervirentes, importantes dans l’ethnobotanique de Noël, en particulier le houx et le gui.
Frau Holle conduisait le Hollen ou Hulden, une horde d’esprits démoniaques, comptant parmi les membres de la chasse sauvage de Wotan. Selon la légende, elle et son fils Donar vivaient à l’intérieur des plantes connues sous le nom de « wintergreen », pervenches et immortelles. Holle était un être de l’autre monde, et sa nature était perçue comme ambivalente, à la fois gentille et sévère. Dans son empire du monde d’en bas, aux enfers, elle recevait les âmes des morts et libérait celles des nouveau-nés. Aux alentours de l’an 1000 apr. J.-C., l’évêque Burchard de Worms associa Frau Holle à la déesse latine de la forêt et de la chasse, Diane. D’après les catholiques, toutes deux étaient des déesses sorcières.
La plante à feuilles charnues, la joubarbe des toits, appelée « hens and chicks » ou « houseleek » (Sempervivum tectorum L., Crassulaceae) en anglais est connue en Europe, non seulement comme « wintergreen » (ndlt : nom qui renvoie à tout végétal sempervirent, c’est-à-dire à feuillage persistant. Utilisé comme nom générique pour plusieurs plantes de ce type.), mais aussi par des noms populaires comme barbe de tonnerre, fleur de tonnerre, herbe de tonnerre, Jovis barba ou barbe de Jupiter (Jupiter = Donar, le dieu tonnerre). On retrouve le nom « d’ancienne » (ou de vieille) pour de nombreuses espèces du genre Pyrola (Pyrolaceae), largement connue en Anglais sous le nom de wintergreen (ndlt : cf. plus haut). Wintergrün est le nom allemand pour Pyrola media, aussi bien que pour Pyrola rotundifolia, que l’on nomme également winterpflanze (plante d’hiver). Dans la langue vernaculaire allemande, la plante de la même famille Chimaphila umbellata (pipsissewa ou prince’s pine, autrefois Pyrola umbellata ; ndlt : en français : Chimaphile à ombelles ou Pyrole en ombelle) est appelée winterlieb (cher hiver), wintergrün (vert hiver), et waldmangold (homme-forêt d’or). Polygala paucifolia (Polygalaceae) est appelé wintergreen qui fleurit.
La petite pervenche (Vinca minor L., Apocynaceae) contient des alcaloïdes indolés. Sa fleur à 5 pétales ressemble à pentagramme, « le signe des druides ». C’est pourquoi elle était considérée comme une plante de sorcières et magiciens. “Lors de la récolte des végétaux sempervirents, tous ceux qui les ramassent doivent être exempts de toute impureté » (Bourke 1913, 409*). (Kathmandu, Nepal, Mars 2003)
La grande pervenche (Vinca major L., Apocynaceae) est aussi appelée singrün ou violette de sorcier. Elle est considérée comme une protection magique contre les prétendus kehrhexen, des êtres dangereux venants d’un monde sens dessus dessous : « Ces sorcières se promènent la plupart du temps la tête à l’envers, mais vous ne pouvez pas les voir. Quiconque est curieux de voir une sorcière sens dessus dessous aura seulement besoin de placer trois brins de grande pervenche au-dessus de la porte où passe la sorcière, et il verra tout de suite que sa tête est à l’envers. » (Söhns 1920, 45*).
* Storl, Wolf-Dieter.2000b. Pflanzen der Kelten. Aarau: AT Verlag.
* Golowin, Sergius. 1985. Die Magie der verbotenen Märchen: Von Hexendrogen und Feenkräutern. 5th ed. Gifkendorf: Merlin. (Orig. pub. Merlin Verlag, Hamburg, 1973.)
* Bourke, John Gregory. 1996. Der Unrat in Sitte, Brauch, Glauben und Gewohnheitrecht der Völker. Frankfurt/M.: Eichborn (Orig. Pub. 1913.)
* Söhns, Franz. 1920. Unsere Pflanzen. Ihre Namenserklärung und ihre Stellung in der Mythologie und im Volksglauben. 6th ed. Leipzig: Teubner.
Je poursuis mes recherches sur Dame Holda, entraperçue au cours d’un rêve et de voyages, et j’en profite pour les partager avec vous ;)
Dame Holda et le filage du lin
Extrait du Wikipédia anglais, traduction Lune
Dame Holda est la matrone de tous les travaux domestiques des femmes, et du filage tout particulièrement, c’est une activité qui possède de fortes connotations magiques et qui relie à l’autre monde. Traditionnellement, le filage était une tâche féminine, et l’un des rares travaux grâce auxquels les femmes pouvaient gagner de l’argent. Holda leur enseigna tout d’abord l’art de la fabrication de la toile de lin à partir de la plante du même nom. Elle régit la culture ainsi que le filage du lin, et à bien des égards, elle est semblable à la Déesse Frigg des Scandinaves, qui régissait le filage de la laine et était, elle aussi, proche des femmes.
Dame Holda enseigne, inspire et récompense les travailleuses acharnées, parfois en terminant elle-même la bobine d’une travailleuse assidue pendant la nuit, mais elle punit les paresseuses, en sabotant leurs travaux. Les fêtes en l’honneur de Dame Holda sont observées dans certaines parties de l’Allemagne, généralement la veille de Noël ou lors de la Douzième nuit, la Nuit des Rois, ou encore au cours des douze jours de Noël. Durant ces périodes, le filage est souvent prohibé. En Souabe, tout filage doit être terminé la veille de Noël, et aucun nouveau travail ne doit être entrepris jusqu’à la fin de la Douzième Nuit, la Nuit des Rois. Près de Hörselberg, c’est le cas contraire : le lin est placé sur les fuseaux la veille de Noël, lorsque Holda commence sa tournée en promettant : Aussi nombreux soient les fils, autant de bonnes années, et tout doit être terminé avant qu’elle ne revienne lors de l’Épiphanie, cette fois en promettant : Aussi nombreux soient les fils, autant de mauvaises années.
Pendant que mes bougies trempées à mèche végétale prennent doucement forme, je continue ma récolte de fleurs, baies et feuilles pour ma tambouille sorcière. Depuis hier, je bricole une encre naturelle consacrée à Dame Holle. Là aussi, je croise les doigts pour qu’elle donne un bon résultat, une bonne consistance et un beau rendu. Verdict lors de la prochaine lune noire et si tout va bien, je la consacrerai à ce moment là :)
Le soleil est toujours là et pourtant l’automne se fait déjà bien sentir. Son énergie est palpable. J’adore sentir les changements des saisons. L’arrivée de l’automne annonce Mabon et bientôt Samhain. Deux fêtes toujours très heureuses pour moi, riches de magie puissante et d’enseignements.
Avec la venue de l’automne, je ne cesse de rêver de ma grand-mère et de la couverture qu’elle utilisait pour guérir. Je ressens l’envie de confectionner ma propre couverture, de filer sa laine, de la teindre et de la tisser. Une envie que je pourrais peut-être réaliser l’an prochain, après la tonte des brebis familiales. En attendant, je pourrais peut-être coudre une jolie couverture matelassée.
Je partage avec vous encore un peu de mes lectures. Voici un texte traduit rapidement :
Équinoxe d’automne
par Müller-Ebeling, Rätsch et Storl, traduction Lune
Les équinoxes de printemps et d’automne sont deux des quatre points cardinaux de l’année solaire. On raconte que les sorcières récoltaient les plantes lors de ces journées d’équinoxe […]. À l’époque du printemps, Frau Holle apparaît comme le jardinier qui apporte les vertes et fraiches herbes, donneuses de vie. À l’inverse, elle apparaît comme la déesse des récoltes lors de l’équinoxe d’automne. C’est lorsque les fruits et les noix ont été ramassés et les récoltes d’automne rentrées, que la vie se retire progressivement dans les granges et greniers. Les anciennes fêtes païennes des récoltes, qui célèbrent la Déesse et le Dieu des récoltes par des banquets, des festins, des divertissements et des pèlerinages aux cimetières, perdurent à travers les coutumes traditionnelles de la Saint-Michel. L’archange Michel, chef des légions célestes, remplaça les dieux des récoltes, tels que Lugh, Jupiter et Thor.
Selon le calendrier agricole, la Saint-Michel (29 septembre) était considérée comme le début du travail hivernal – le filage, la fabrication des fils : féminin ; le tissage : masculin – qui se prolongeait jusqu’à la Chandeleur (2 février). On dit : « Lorsque Michel éteint la lumière, les ouvriers agricoles doivent commencer le filage. » Les gens chantaient lorsqu’ils filaient diligemment dans ce qu’on appelait la pièce à filage ou balancement. Les femmes s’en allaient – ou comme on disait – « en voyages à balancement », « en voyages de femmes ». Les grands-mères racontaient des histoires, issues des expériences de leur vie, à propos des problèmes du village. Les histoires d’amour étaient passées en revue et les jugements étaient rendus contre ceux qui avaient offensé les bonnes mœurs. Ainsi les femmes filaient et tissaient – comme les Parques elles-mêmes – le destin futur du village et de la tribu avec leurs pensées et leurs conversations.
« Ce qui reste secret tout au long de l’année, se révèle au cours du Brechtelzeit* sacré. »
– Kärtner
En attendant, « la saison de la vieille femme » se passe par-delà la porte. Les fines toiles d’araignée, qui planent dans les airs, suspendues aux branches, sont considérées comme les fils du fuseau de Frau Holle. La déesse archaïque qui fabrique les fils de la vie de toutes les créatures et tisse leurs futurs, Frau Holle apparaissait parfois aux femmes durant les heures tardives de la nuit et les aidait dans leur travail.
* Le Brechtelzeit est la période de la Saint-Michel, lorsque les femmes battaient les fibres de chanvre et de lin pour les préparer au filage.
Extrait de Witchcraft Medecine.