Frau Holle, la Dame au Sureau

Du haut de notre montagne, les baies commencent à mûrir ces jours-ci. J’ai débuté leur récolte avec en tête deux ou trois expérimentations, certaines médicinales pour la famille et d’autres magiques pour mon futur e-shop :) Je partage avec vous l’une de mes photos de baies encore vertes, prise il y deux semaines et un peu de mes lectures (extrait de Witchcraft Medecine, par Müller-Ebeling, Rätsch et Storl. Traduction Lune) :

Baies de sureau encore vertes

Le sureau (sambucus nigra) est un arbre sacré, un arbre rituel autour duquel on danse en cercle. Il était sacré pour Dame Holle, la « déesse sorcière ». Lors du solstice d’été, lorsque le sureau est en fleurs, on l’associait à l’extase des amours d’été.

À la Saint-Jean lorsque le sureau fleurit, c’est alors que l’amour est le plus grand !

On midsummer when the elder blooms, then love is even greater !

Les fleurs étaient trempées dans de la pâte puis frites pour en faire des  beignets de sureau au sucre. La personne qui en mangeait le plus était sensée exécuter le meilleur saut au-dessus du feu du solstice. À Allgäu, en Allemagne, le saindoux dans lequel avaient été frits ces beignets était conservé et utilisé comme baume médicinal. Généralement, on considère le sureau comme étant la « pharmacie » du fermier.

Écorce, baies, feuilles et fleurs,

Chaque partie recèle force et bienfait,

Chaque partie recèle plein de bénédictions !

Le livre des Fleurs (première partie)

Violette

Après quelques jours d’escapade dans la capitale, j’ai été pleinement heureuse de retrouver notre maison dans la nature. Quel plaisir de sentir l’air saturé du parfum des violettes, de regarder les bourdons s’enivrer du pollen et du nectar de celles-ci mais aussi des pulmonaires, des ficaires, des véroniques de perse et des primevères. Quand je jardine, je pense aux fées. Quand je me repose, je pense encore à elles et je traduis une petite histoire  enfantine à leur sujet.

Le Livre des Fleurs

(1901)

Écrit par Eden Coybee , traduit de l’anglais par Lune, illustré par Nellie Benson

Lorsque la neige s’étend en couche épaisse sur le sol et tous les ruisseaux qui babillent en été se reposent encore dans leurs maisons de glace, vous pensez, je suppose, que les fleurs sont endormies et que rien ne peut les réveiller avant le printemps ?

Mais je connais un bois où les petits elfes, les lutins et les délicates fées dansent en cercle au clair de lune, et je vous raconterai ce qui leur arrive à minuit tapante la première nuit de chaque année.

L’horloge dans la tour de la cathédrale sonne douze coups solennels, et toutes les cloches des églises carillonnent pour accueillir la Nouvelle Année. C’est le signal pour les fées de descendre d’un rayon de lune – dans leurs lumineuses robes blanches et avec leurs longues chevelures blondes en cascade.

La plus belle d’entre toutes est Rusialka, la reine des fées et des elfes. Elle porte un collier de perles de rosée, et les perles de rosées scintillent sur sa robe et dans ses cheveux. Elle glisse doucement sur la neige et toutes les fées la suivent pour rejoindre un grand Sureau qui pousse au milieu du petit bois. Elle tape une fois et appelle :

« Dame Sureau ! Êtes-vous à l’intérieur ? »

Et l’arbre ouvre ses bourgeons verts et ses tendres feuilles se déplient.

Puis, à nouveau, la fée Rusialka frappe et appelle :

« Dame Sureau ! Dame Sureau ! Êtes-vous à l’intérieur ? »

Et d’adorables fleurs blanches s’ouvrent au-dessus, et une douce pluie de fleurs tombe sur les fées.

Pour la troisième fois, Rusialka appelle :

« Dame Sureau ! Dame Sureau ! Dame Sureau ! Êtes-vous à l’intérieur ? »

Et alors l’arbre s’ouvre doucement et la Dame Sureau apparait. Elle est très vielle, car elle est la Mère de toutes les fées et de tous les elfes. « Que me voulez-vous, mes enfants ? » demanda-t-elle avec une voix semblable à une clochette d’argent.

Et toutes les fées font une très longue et très profonde révérence, et lui répondent :

« La Nouvelle Année est arrivée, Dame Sureau ; et nous voulons que vous nous accordiez de laisser s’éveiller les petites fleurs qui dorment sous la neige ! »

« Le Monde est encore froid pour les fleurs, mes enfants, » répondit la Dame Sureau. « Elles sont toujours endormies, chacune doit être réveillée en son temps. Mais vous pouvez faire ceci. Vous pouvez les appeler pour cette nuit, et lorsque vous quitterez ce bois au matin, elles retourneront toutes dans leurs lits à nouveau. »

« Recevez toute notre bien heureuse gratitude, Madame, » les fées chantent à nouveau joyeusement.

Puis elles joignent toutes leurs mains, s’ébattent et chantent en s’éloignant :

« Petites fleurettes adorées et gaies

Écoutez le bruit de nos pieds ;

Petites fleurettes gaies et adorées

Venez et dansez sur le rondelet ! » 1

Puis, de plus en plus lente, la danse s’éteint.


1 (ndlt : rondelet : on dit rondelet dans le sens de rondeau : chansons, lettres et rondelez)

La guérison au sein de la wicca : la phytothérapie.

Voici la suite du chapitre de Witches’ Way sur la Guérison. Même si ce livre a pris quelques rides depuis sa parution (1984), il reste réellement intéressant et relativement complet. Je déplore juste, une fois encore, qu’un tel livre traitant de spirituel et de magie, présente les plantes comme de simples médicaments.

La médecine par les plantes

Par Stewart & Janet Farrar, traduction Lune

Extrait du Chapitre Guérison de The Witches’ Way, éditions Phoenix.

Les sorcières sont naturellement attirées par la phytothérapie car l’Art est une religion basée sur la Nature, et l’étude des herbes est une voie fertile pour développer leur harmonisation avec Gaïa, l’organisme-Terre, à tous les niveaux.

Pour employer les herbes dans le but de la guérison, vous devez :

  1. savoir où les trouver,
  2. être capable de les identifier de manière infaillible,
  3. être très bien informé sur les effets et les propriétés de toutes herbes que vous utilisez.

Tout cela peut paraît évident, mais il existe des gens qui combinent enthousiasme mystique pour les cures « naturelles » et approche insouciante de leur utilisation, et c’est juste mauvais.

Heureusement, on peut apprendre et pratiquer la phytothérapie une plante à la fois. C’est (sauf si vous prenez des cours professionnels sur le sujet) réellement le meilleur moyen. Vous étendez ainsi votre répertoire progressivement. Vous pouvez commencer en choisissant des plantes qui sont célèbres pour guérir des maux simples et dont il est peu probable qu’elles entrent en conflit avec un traitement prescrit par un médecin (bien que vous devrez toujours vérifier cela aussi).

Prenons deux exemples. Une infusion de fleurs de sureau est un traitement apaisant pour les coups de soleil. Par chance, le sureau est en fleurs juste au moment où les coups soleil peuvent se produire, et il est très facile à identifier. Vous pouvez en toute sécurité utiliser cette infusion sur vos coups de soleil et ceux de vos amis, et vous gagnerez en confiance (et accroitrez votre réputation) lorsque votre travail sera vu. Quiconque peut faire une tasse de thé, peut faire une infusion ; la prochaine étape est d’apprendre une technique un peu moins facile, la préparation d’un onguent ; ainsi vous serez prêt à traiter les coups de soleil plus tardifs dans la saison, lorsque la floraison aura pris fin. (Ou vous pourrez infuser les fleurs séchées.)

Pour le second exemple, prenons la petite éclaire ou ficaire fausse-renoncule ou encore herbe aux hémorroïdes (Ranunculus ficaria), une fleur printanière précoce ; c’est, comme son nom populaire l’indique, un excellent remède pour les hémorroïdes. La plante entière est récoltée pendant sa floraison puis séchée. Elle peut également être utilisée soit en infusion soit onguent. Elle est facile à identifier (vous ne devez pas la confondre avec la grande éclaire (Chelidonium majus) par exemple, que l’on emploie différemment) mais une fois que vous l’aurez bien observée vous ne l’oublierez jamais. Elle fonctionne parfaitement et, étant donné la nature douloureuse de l’affection qu’elle traite, il est possible que vous soyez quelque peu envahi par des patients reconnaissants et embarrassants.

Le point essentiel à retenir pour ces deux exemples, c’est que vous ne pouvez pas faire de mal avec l’une ou l’autre en faisant un mauvais diagnostic ; et il sera probablement presque bon.

Ensuite, dans votre progression plante-par-plante, vous pourrez tourner votre attention vers l’euphraise (Euphrasia officinalis) pour les yeux irrités – une fois encore, assurez-vous que le patient voit un docteur si l’inflammation persiste, il est possible que cela soit un symptôme d’une affection plus grave ; ou le souci officinal (Calendula officinalis) qui est un stimulant utilisé en traitement local de différentes sortes – mais évitez le souci d’eau (Caltha palustris) qui est fortement irritant et peut causer de sérieux effets indésirables lorsqu’il est employé sans une stricte connaissance.

Le principe à suivre : ne courrez pas avant de pouvoir marcher. Constituez votre répertoire avec des herbes sûres, une par une, et n’outrepassez jamais vos propres connaissances.

Si vous pouvez le faire sous les conseils d’un herboriste expérimenté, alors c’est encore mieux. Autrement, vous devez étudier, et vous référez constamment à des livres sérieux.

Un classique : le Culpeper’s Complete Herbal (ndlt : on le trouve également en ligne à cette adresse), écrit par un docteur astrologue du XVIIème siècle, Nicholas Culpeper, régulièrement réimprimé depuis sa première édition et toujours dans les bacs. On peut deviner sa sagesse dans le fait que les livres modernes sur le sujet le cite très souvent.

Parmi les traités modernes sur les plantes, le Potter’s New Cyclopaedia par R. C. Wren est clair et concis ; mais le travail le plus profitable que nous ayons trouvé est celui de Mrs M. Grieve : A Modern Herbal, dont la première publication date de 1931. L’apprentissage professionnel mis à part, un herboriste en devenir ne peut pas mieux faire que de donner totalement sa confiance à Mrs Grieve (ndlt : on peut retrouver son travail à cette adresse-ci.)

Pour l’identification des plantes, une fois encore, dans l’idéal, c’est qu’elles vous soient montrées dans leur milieu naturel, par quelqu’un qui les connait vraiment. Mais même cela (d’ailleurs vous ne pouvez pas vous promener avec votre ami en laisse partout où vous allez) devra être complété par de savants livres. Pour l’Angleterre et l’Irlande, le travail le plus complet et pratique reste le Concise British Flora in Colour de Keble Martin, avec des dessins précis de 1486 espèces et plus encore de descriptions ; il est devenu notre bible botanique partout où nous allons. En complément de cela, nous apprécions beaucoup le Wild flowers of Britain de Roger Phillip, qui est entièrement illustré par des photographies en couleur.

Apprenez tout ce que vous pourrez des traditions locales, en particulier si vous vivez à la campagne ; mais rappelez-vous qu’il faut séparer le bon grain de l’ivraie, et de fait, recroiser les informations avec Culpeper, Potter ou Mrs. Grieve (avec discrétion ou votre source pourrait bien s’offenser et se tarir).

Vin de baies de sureau, onguent, sirop et autres médecines

J’ai traduit pour mon usage perso quelques recettes, je vous les partage. Les baies de sureau sont mûres, profitez-en (en région parisienne) ! Pour d’autres recettes, lisez ce texte ou encore celui-là.

Le Sureau
Extrait de A Wiccan Herbal par Marie Rodway, traduction Lune

Le sureau est traditionnellement associé à la mort (il était utilisé au cours des rituels funéraires dans ce pays. Ndlt : la Grande-Bretagne) et aux sorcières (on dit que les sorcières et les esprits résident en lui).

Médicalement, on dit que le vin fabriqué à partir des baies noires soulage les douleurs de l’accouchement.

Faites bouillir l’écorce dans une solution d’eau salée pour fabriquer une lotion afin d’y baigner les pieds douloureux.

Faites bouillir les fleurs dans de l’eau de bourrache et buvez-en un plein verre matin et soir pour une peau saine et pour préserver la jeunesse du regard. Vous pouvez faire une boisson aussi forte ou aussi légère que vous le souhaitez – les fleurs de sureau ne peuvent pas faire de mal. Pour donner un ordre d’idées, utilisez habituellement pour une tisane, une dose de 25 grammes d’herbes fraîches pour 25 ml ou 20 ml pour une bonne cuillérée à soupe d’herbes séchées, jusqu’à 600 ml d’eau. Pauline Newbery.

Le bain oculaire à base de fleurs de sureau est bénéfique pour les yeux fatigués et éteints. C’est également bon pour adoucir la peau ; utilisez une boule de ouate. Gardez la solution au réfrigérateur lorsque vous ne l’utilisez pas ; elle restera fraîche plus longtemps ainsi.

Préparation et usage : versez 600 ml d’eau bouillante sur 5 ou 6 fleurs fraîches ou séchées. Laissez infuser pendant 10 minutes. Filtrez à l’aide d’un filtre à café. Laissez refroidir complètement pour l’utiliser en bain d’yeux.

Le jus de baies de sureau est une teinture efficace pour cheveux ; les tziganes l’utilisent dans ce but. Ecrasez le fruit et appliquez-le sur cheveux mouillés. Laissez poser 20-30 minutes puis rincer.

Pour soulager les piqûres d’ortie et d’abeille, appliquez des feuilles de sureau. Sylvia Guyatt.

Le vin de baies de sureau est bon contre les problèmes d’estomac et réduit l’inflammation. Cylch Cyhiraeth.

Pendant des siècles, les baies de sureau ont eu la réputation de soulager les douleurs des rhumatismes. Le vin de baies de sureau est également célèbre pour sa capacité à soulager les misères des rhumes et grippes, car il favorise la sudation ; buvez-le chaud, ajoutez-y un peu de cannelle, si vous le souhaitez. Le vin de baies de sureau soulage également l’asthme.

Il existe une multitude de recettes de vin de baies de sureau. En voici une extraite d’un livre publié en 1825 :

« Pour fabriquer 9 litres de vin, prenez 4,5 litres de baies de sureau et un quart de prune ou de prunelle et faites bouillir ensemble dans 6 quarts d’eau pendant ½ heure, brisez le fruit avec un bâton. Passez aussitôt la liqueur et le fruit, en écrasant sa pulpe, à travers un tamis ou un tissu tendu. Faites bouillir la liqueur à nouveau avec 6 livres de sucre cristallisé, 50 grammes de quatre-épices moulu et 25 grammes de houblon (les épices auront été placées dans un morceau de mousseline). Laissez bouillir pendant ½ heure, puis retirez-les. Une fois refroidi, ajoutez 30 grammes de levure, couvrez et laissez reposer. Après deux jours, retirez la levure et mettez le vin dans un fût. Lorsque cela cesse de crépiter, ce qui devrait prendre 15 jours, collez un papier-brun fort sur le trou du bouchon. Le vin sera prêt dans environ 8 semaines et pourra être gardé pendant 8 ans. »

Une autre façon très ancienne d’utiliser les baies de sureau est de fabriquer un « rob », qui est semblable à un sirop (ndlt : très épais). C’est également des plus efficaces en cas de rhume, toux et bronchite. Le rob de baies de sureau est fabriqué en cuisant à feu doux 2,25 kg de baies mûres écrasées avec 450 grammes de pain de sucre jusqu’à ce que le mélange réduise et obtienne la consistance du miel. Prenez 15-30 ml (1 à 2 cuillères à soupe) dilués dans un grand verre d’eau chaude, la nuit. Le rob est particulièrement utile parce qu’il peut être mis en bouteille et garder pendant l’hiver.

On dit que les baies de sureau guérissent également les verrues.

L’onguent de fleurs de sureau fait un bon baume. Pour le préparer, mélangez 450 grammes de saindoux clarifié dans une casserole et 4,5 litres de têtes de fleurs de sureau. Faites bouillir jusqu’à elles se soient écrasées, puis filtrez et ajoutez quelques gouttes de térébenthine. Versez dans un bocal avec un couvercle qui se visse et mettre de côté.