Aubépine et sorcières

« A Guernesey, les sorcières se rassemblent la nuit sous les aubépines. Cet arbre, ou tout au moins ceux de cette espèce qui sont remarquables par leur âge, leur grosseur et leurs branches tordues, sont associés, par les paysans aux pratiques magiques. Les sorciers et les sorcières qui, dans leurs excursions nocturnes prennent la forme de lièvres, de lapins, de chats et d’autres animaux se réunissent sous son ombre, ou dans son voisinage, pour y danser au clair de lune. »

Edgar Mac Culloch. Guernesey Folk-Lore, p. 413.

Aubépine sous laquelle j’aime voyager à la saison claire. Cenelles.

Les aubépines ont une place particulière chez moi, presque autant que les sureaux. Peut-être à cause de leurs liens étroits avec le Petit Peuple, la beauté de leurs fleurs et de leurs cenelles, la magie qu’elles dégagent ou la douceur qu’elles apportent au sommeil. Ou tout ça à la fois.

Une chose est sûre, j’aime par dessus tout m’enfoncer dans les bois, ou me glisser simplement dans la haie, pour me coucher sous l’une d’entre elles et rêvasser en observant le ciel entre ses branches. J’ai remarqué que les Voyages dans l’Autremonde étaient alors beaucoup plus vifs, riches et l’accès bien plus rapide.

Je suis en train de lire et compiler un certain nombres d’infos sur l’épine blanche : propriétés médicinales, superstitions et pratiques magiques. Je les posterai probablement sur le Sidh prochainement.

Bourgeon d’aubépine

Le Chant du Vent

Le Vent et la Sorcellerie sont liés. Issu du folklore sorcier, un conte parle d’une sorcière finlandaise de l’époque médiévale qui vendit des vents aux marins en trois nœuds sur une corde. Le premier nœud défait relâcha une brise légère, le second nœud défait une forte bise, le troisième une tempête.

On dit que les sorcières estoniennes projettent un couteau dans un bloc de bois dans la direction où elles souhaitent que le vent souffle.

En Écosse, la sorcière, au cours d’une cérémonie appropriée, pouvait soulever le vent en plongeant un chiffon dans le cours d’un ruisseau rapide et en le battant ensuite sur une pierre carrée, tout en chantant cette rune :

Upon this stone I knock a rag
To raise the wind in the Lady’s name,
It shall not lie or cease or die
Until I please again.

Sur cette pierre, je bats une guenille
Pour que le vent se lève au nom de la Dame,
Il ne se couchera pas, ni ne s’apaisera, ni ne mourra
Jusqu’à ce que cela me chante à nouveau.

On dit que les sorcières anglaises pouvaient faire lever le vent en sifflant. Aux premières lueurs de l’aube, en se tenant face à un des points cardinaux (où l’on veut que le vent souffle), elles l’appelleaient par trois longs et clairs sifflements, à l’aide du premier et quatrième doigt de la main droite.

Il y a un moment magique lorsque les sorcières commencent à comprendre – qu’elles savent sans l’ombre d’un doute – qu’elles appartiennent à l’Art. Beaucoup disent que cet appel est venu d’une voix dans le vent.

La capacité de comprendre la voix du vent est l’un des dons (de pouvoir aux sorcières) d’Aradia, in « Vangelo della-Streghe » de Charles G. Leland (en français « l’Évangile des Sorcières »). La symbolique est claire. Les mouvements de la pensée humaine, leurs affaires, leurs opinions, leurs valeurs, sont comme le vent : ils s’élèvent, changent, tombent, reviennent en arrière, virent ; ils s’emportent rapidement, se refroidissent dans les tempêtes pour mourir à nouveau. Le changement seul demeure et le changement est l’essence de la sorcellerie.

En jetant un sort ou en faisant un vœu, on initie le changement. Lorsque le rituel correspond à la nature des différentes sortes de vents, les chances de succès augmentent incroyablement. Il y a un vent pour chaque but sous le soleil.

Le Vent d’Est appartient aux nouvelles entreprises et bénit l’ambition par l’énergie. Recourez-y pour le courage, la patience et la clarté.

Le Vent du Sud favorise l’amour, l’imagination et l’accomplissement. Utilisez-le dans les enchantements d’amour et pour trouver l’harmonie dans les relations personnelles.

Le Vent d’Ouest efface le doute, la culpabilité, la peur, l’envie et la haine. Il renouvelle la confiance et restaure l’espoir.

Le Vent du Nord apporte la sagesse. Il transcende les autres vents en tant que source de force spirituelle. Il protège et augmente le pouvoir de l’intuition et le pouvoir divinatoire.

(Par un auteur anonyme, traduction Lune)

Le Vieux

Voici un texte sur le Vieux, c’est-à-dire le Diable, que l’on nomme parfois, en France, Robert ;)

Le Vieux

Par Doreen Valiente, traduction Lune

Extrait du livre « An ABC of Witchcraft ».

Le « Vieux » est un terme dialectal fréquemment utilisé pour désigner le Diable. Cette expression est révélatrice du fait que le « Diable » est en vérité un dieu pré-chrétien, relégué au royaume du mal car ses caractéristiques n’étaient pas conformes au nouveau concept puritain du divin.

Pourtant l’Ancienne Religion, dont les racines sont profondément enfouies dans la Nature, reste vivace dans le cœur et l’esprit populaire. La manière de se référer au Diable en employant le terme de « Vieux » en est un exemple, tout comme l’est « le Vieil Harry » pour désigner le même personnage mystérieux.

Ce dernier provient du saxon hearh, qui désigne un sanctuaire situé au sommet d’une colline où les dieux païens étaient révérés. Le « Mount Harry », une montagne des Sussex Downs, et les « Old Harry Rocks », sur la Côte Sud, en sont des survivances et sont censées avoir été placés là par le Diable. Le « Vieil Harry » est le Vieux qui était vénéré sur les collines.

Christina Hole, dans son livre English Folklore (Bastford, London, 1940), remarque le fait que le mot « providence » est parfois employé par les gens des campagnes passéistes pour désigner, non pas le concept chrétien de providence, mais le Diable, ou les anciennes puissances du paganisme. Elle cite l’épouse d’un paysan qui défendait de vieux rites païens de bonne fortune en lien avec les récoltes, en disant qu’il ne fallait pas oublier « la Vieille Providence », et que peut-être valait-il mieux rester en bon terme avec les deux parties !

Cette petite histoire est très révélatrice, car on y perçoit les idées et les sentiments des campagnards d’autrefois, qui vivaient près de la nature et qui avaient une sagesse non-lettrée bien à eux.

Le « Vieux Cornu » est une autre expression pour désigner le Diable. Il s’agit d’une référence évidente à ses célèbres attributs, les cornes ; tandis que le « Old Splithoof » (ndlt : Vieux Pied Fendu) ou « Clootie » (ndlt : Petit Sabot) font référence à ses sabots fendus, caractéristiques du Grand Dieu Pan.

« Old Poker » (ndlt : Vieux Poker) est également une expression dialectale pour désigner le diable, aujourd’hui quasiment tombée dans l’oubli. Son origine est la même que les noms de Puck ou « pooke » qui sont une réminiscence du vieil anglais puca et gallois pwca, qui signifient être ou esprit diabolique. Le « Vieux Scratch » est une autre expression dialectale, qui vient du vieux norrois « skratte » et désigne un gobelin ou un monstre.

Peut-être que l’expression la plus connue pour désigner le diable et qui commence par « Vieux » est le « Vieux Nick ». Ceci nous ramène directement à l’époque païenne parce que Nik était l’un des noms de Woden, la version en vieil anglais d’Odin, le Père-Puissant, le Maître magicien.

Comme le Diable bien plus tard, on croyait que Woden s’amusait parfois à prendre forme humaine et vagabonder parmi les hommes. Tout étranger mystérieux pouvait potentiellement être lui, en particulier s’il avait un air surnaturel et s’il semblait posséder un savoir inhabituel.

Les adeptes de Woden étaient les Femmes Sauvages, les Waelcyrges, que les nations plus au nord appelaient Valkyries. Les Vieilles Waelcyrges Anglaises, cependant, étaient plus proches des sorcières que des guerrières dépeintes par Richard Wagner dans ses opéras. Elles volent la nuit avec Woden, parmi la Chasse Sauvage, lorsque le vent d’hiver souffle violemment et que les nuages filent à toute vitesse devant la lune. Effectivement, le mot Waelcyrge des vieux manuscrits a parfois été traduit par « sorcière ».

Il n’est pas difficile de voir comment Nik et ses Waelcyrges ont contribué au concept du Vieux Nick et de ses sorcières.

Là où une église chrétienne était construite sur un lieu de culte païen, Nik était parfois transformé et christianisé en Saint Nicholas. Par exemple, le village d’Abbots Bromley, dans le comté de Staffordshire, où la célèbre Danse des Cornes est exécutée chaque mois de septembre, possède une très vieille église paroissiale dédiée à Saint Nicholas. C’est dans cette église que ces cornes et les autres objets utilisés pour danser sont rangés lorsqu’ils ne sont pas utilisés ; et à une époque, cette danse était exécutée sous le porche de l’église. On s’accorde généralement à dire que cette danse est une survivance des temps très anciens, et qu’elle doit avoir une origine pré-chrétienne.

La plus ancienne église de Brighton, située dans le Sussex, est là encore dédiée à Saint Nicholas. Elle a été construite sur une colline, là où, selon la tradition locale, il y avait autrefois un cercle de pierre païen. On retrouvera presque toujours les églises dédiées à Saint Nicholas sur les vestiges de très anciennes fondations.

Il existe également davantage de liens entre le « Bon Vieux Saint Nicholas » et la fête païenne saxonne de Yule, qu’avec la version chrétienne appelée Noël. Le joyeux et vieux bonhomme vêtu de rouge, qui conduit un attelage de rennes depuis le Pôle Nord, avait beaucoup plus en commun avec un quelconque dieu ancien de la fertilité et des festivités qu’avec un évêque chrétien sanctifié.

Athamé, l’arme de la sorcière

L’Athamé, par Doreen Valiente, traduction Lune.

Extrait du livre « An ABC of Witchcraft »

Le couteau à manche noir est l’arme traditionnelle des sorcières. Il est utilisé pour tracer le cercle magique ainsi que pour contrôler et bannir les esprits.

L’usage d’une telle arme magique par les sorcières est très ancien. L’image représentée sur un vase grec datant de 200 ans avant J.C. montre deux sorcières nues occupées « à faire descendre la lune », c’est à dire qu’elles invoquent les pouvoirs de la lune pour faciliter leur magie. L’une d’elles tient une baguette, l’autre une courte épée. Évidemment, le couteau magique pourrait avoir évolué à partir de cette épée. Datant de la Rome Antique, une gemme taillée représente Hécate, la déesse de la sorcellerie, sous sa triple forme. Ses trois paires de bras portent les symboles d’une torche enflammée, d’un fouet et d’une dague magique ; une fois encore, il semble que cela soit un prototype de l’athamé.

L’une des premières éditions du grimoire appelé « Clavicule de Salomon », datant de 1572 et qui se trouve aujourd’hui au British Museum, mentionne le couteau magique sous le nom d’Arthana. Une gravure sur bois qui illustre  Historia de Gentibus  Septentrionalibus (Histoire des Peuples du Nord)  d’Olaus Magnus, publiée à Rome en 1555, montre une sorcière contrôlant une fantasmagorie de démons, qu’elle avait conjuré, en brandissant un Athamé dans une main et un bouquet d’herbes dans l’autre. L’une des peintures fantastiques sur la sorcellerie de l’artiste flamand Teniers représente une scène similaire, où une sorcière contrôle les esprits au moyen de son Athamé.

L’usage d’une dague consacrée pour contrôler les esprits est aussi connue au Tibet. Ces armes, connues des occidentaux sous le nom de « devil-daggers » (dagues du démon), possèdent une lame triangulaire et un manche en forme de dorjé, ou « foudre ».

Hékaté (collection du British Museum)

La guérison au sein de la wicca : la phytothérapie.

Voici la suite du chapitre de Witches’ Way sur la Guérison. Même si ce livre a pris quelques rides depuis sa parution (1984), il reste réellement intéressant et relativement complet. Je déplore juste, une fois encore, qu’un tel livre traitant de spirituel et de magie, présente les plantes comme de simples médicaments.

La médecine par les plantes

Par Stewart & Janet Farrar, traduction Lune

Extrait du Chapitre Guérison de The Witches’ Way, éditions Phoenix.

Les sorcières sont naturellement attirées par la phytothérapie car l’Art est une religion basée sur la Nature, et l’étude des herbes est une voie fertile pour développer leur harmonisation avec Gaïa, l’organisme-Terre, à tous les niveaux.

Pour employer les herbes dans le but de la guérison, vous devez :

  1. savoir où les trouver,
  2. être capable de les identifier de manière infaillible,
  3. être très bien informé sur les effets et les propriétés de toutes herbes que vous utilisez.

Tout cela peut paraît évident, mais il existe des gens qui combinent enthousiasme mystique pour les cures « naturelles » et approche insouciante de leur utilisation, et c’est juste mauvais.

Heureusement, on peut apprendre et pratiquer la phytothérapie une plante à la fois. C’est (sauf si vous prenez des cours professionnels sur le sujet) réellement le meilleur moyen. Vous étendez ainsi votre répertoire progressivement. Vous pouvez commencer en choisissant des plantes qui sont célèbres pour guérir des maux simples et dont il est peu probable qu’elles entrent en conflit avec un traitement prescrit par un médecin (bien que vous devrez toujours vérifier cela aussi).

Prenons deux exemples. Une infusion de fleurs de sureau est un traitement apaisant pour les coups de soleil. Par chance, le sureau est en fleurs juste au moment où les coups soleil peuvent se produire, et il est très facile à identifier. Vous pouvez en toute sécurité utiliser cette infusion sur vos coups de soleil et ceux de vos amis, et vous gagnerez en confiance (et accroitrez votre réputation) lorsque votre travail sera vu. Quiconque peut faire une tasse de thé, peut faire une infusion ; la prochaine étape est d’apprendre une technique un peu moins facile, la préparation d’un onguent ; ainsi vous serez prêt à traiter les coups de soleil plus tardifs dans la saison, lorsque la floraison aura pris fin. (Ou vous pourrez infuser les fleurs séchées.)

Pour le second exemple, prenons la petite éclaire ou ficaire fausse-renoncule ou encore herbe aux hémorroïdes (Ranunculus ficaria), une fleur printanière précoce ; c’est, comme son nom populaire l’indique, un excellent remède pour les hémorroïdes. La plante entière est récoltée pendant sa floraison puis séchée. Elle peut également être utilisée soit en infusion soit onguent. Elle est facile à identifier (vous ne devez pas la confondre avec la grande éclaire (Chelidonium majus) par exemple, que l’on emploie différemment) mais une fois que vous l’aurez bien observée vous ne l’oublierez jamais. Elle fonctionne parfaitement et, étant donné la nature douloureuse de l’affection qu’elle traite, il est possible que vous soyez quelque peu envahi par des patients reconnaissants et embarrassants.

Le point essentiel à retenir pour ces deux exemples, c’est que vous ne pouvez pas faire de mal avec l’une ou l’autre en faisant un mauvais diagnostic ; et il sera probablement presque bon.

Ensuite, dans votre progression plante-par-plante, vous pourrez tourner votre attention vers l’euphraise (Euphrasia officinalis) pour les yeux irrités – une fois encore, assurez-vous que le patient voit un docteur si l’inflammation persiste, il est possible que cela soit un symptôme d’une affection plus grave ; ou le souci officinal (Calendula officinalis) qui est un stimulant utilisé en traitement local de différentes sortes – mais évitez le souci d’eau (Caltha palustris) qui est fortement irritant et peut causer de sérieux effets indésirables lorsqu’il est employé sans une stricte connaissance.

Le principe à suivre : ne courrez pas avant de pouvoir marcher. Constituez votre répertoire avec des herbes sûres, une par une, et n’outrepassez jamais vos propres connaissances.

Si vous pouvez le faire sous les conseils d’un herboriste expérimenté, alors c’est encore mieux. Autrement, vous devez étudier, et vous référez constamment à des livres sérieux.

Un classique : le Culpeper’s Complete Herbal (ndlt : on le trouve également en ligne à cette adresse), écrit par un docteur astrologue du XVIIème siècle, Nicholas Culpeper, régulièrement réimprimé depuis sa première édition et toujours dans les bacs. On peut deviner sa sagesse dans le fait que les livres modernes sur le sujet le cite très souvent.

Parmi les traités modernes sur les plantes, le Potter’s New Cyclopaedia par R. C. Wren est clair et concis ; mais le travail le plus profitable que nous ayons trouvé est celui de Mrs M. Grieve : A Modern Herbal, dont la première publication date de 1931. L’apprentissage professionnel mis à part, un herboriste en devenir ne peut pas mieux faire que de donner totalement sa confiance à Mrs Grieve (ndlt : on peut retrouver son travail à cette adresse-ci.)

Pour l’identification des plantes, une fois encore, dans l’idéal, c’est qu’elles vous soient montrées dans leur milieu naturel, par quelqu’un qui les connait vraiment. Mais même cela (d’ailleurs vous ne pouvez pas vous promener avec votre ami en laisse partout où vous allez) devra être complété par de savants livres. Pour l’Angleterre et l’Irlande, le travail le plus complet et pratique reste le Concise British Flora in Colour de Keble Martin, avec des dessins précis de 1486 espèces et plus encore de descriptions ; il est devenu notre bible botanique partout où nous allons. En complément de cela, nous apprécions beaucoup le Wild flowers of Britain de Roger Phillip, qui est entièrement illustré par des photographies en couleur.

Apprenez tout ce que vous pourrez des traditions locales, en particulier si vous vivez à la campagne ; mais rappelez-vous qu’il faut séparer le bon grain de l’ivraie, et de fait, recroiser les informations avec Culpeper, Potter ou Mrs. Grieve (avec discrétion ou votre source pourrait bien s’offenser et se tarir).