Le balai & le mariage dans le folklore français

Photo par Borealnz

Quelques exemples extraits de l’excellent livre Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne traditionnelle, par Hevé Fillipetti & Janine Trotereau :

Les rites de parcours compliqués de rites de passage se retrouvent en maintes occasions, et particulièrement lors du mariage : le père qui marie sa dernière fille traîne un balai attaché à sa jambe gauche, la mariée ne peut franchir le seuil de son nouveau foyer que portée, ou à reculons, ou qu’après être passée par dessus le balai placé au travers de la porte.

Remarquons encore le rôle du balai dans le folklore villageois ; il entre dans le rituel de nombreuses manifestations, en particulier dans celui du mariage, et il fut longtemps considéré comme monture favorite des sorcières. Il prenait place aussi dans le mai de mariage de la dernière fille de la maison. En Champagne c’est un véritable autodafé qui était réalisé à l’occasion de chaque mariage avec tous les balais enlevés dans chaque maison, le bûcher étant allumé par la jeune mariée. Le balai est donc chargé d’un pouvoir magique parfaitement exprimé dans les usages apotropaïques qu’on en fait par ailleurs : croiser deux balais devant une porte d’étable ou d’habitation a un sens d’exorcisme.

Une coutume en Touraine consistait le jour de Carnaval, à essayer d’envoyer une boule de bois (symbole de fécondité) sous le lit de la plus jeune mariée qui devait la repousser avec son balai. Il s’agit ici d’un rite de fertilité.

Dans le Sud-Ouest, nombreux sont les mais (de mariage) qui portent à leur sommet les initiales de la mariée ou même un balai lorsque c’est le dernier enfant qui se marie.

Nous connaissons le rôle apotropaïque dévolu au balai dans la protection de la maison et nous savons l’importance qu’il avait et qu’il a encore dans les rites de mariage (Balai placé en travers de la porte que la mariée devait franchir en sautant par-dessus, balai manié par la jeune épouse à travers toute la pièce comme gage de son savoir, balai traîné par le père qui marie sa dernière fille, etc. A l’heure actuelle encore, dans le cortège de mariage, la voiture des mariés est ornée d’un balai : nous l’avons fréquemment remarqué en Normandie.) : dans le Pays Basque, on accrochait à la porte de la chambre des nouveaux mariés un balai et une balayette fabriqués et décorés uniquement à cette fin.

Les Femmes Cornues

Voici un très ancien conte irlandais qui a sans aucun doute subi de nombreuses modifications et qui connait, paraît-il, de nombreuses versions. Les cornes sur le front des sorcières-fées, l’eau du puits, les treize femmes autour du feu renvoient directement à la lune. L’art du tissage et des sortilèges sont intrinsèquement liés. On note également l’usage du sang dans le gâteau qui est une pratique sorcière. Le tamis est également rattaché à la sorcellerie. Le tamis sert de moyen de transport aux sorcières, on peut retrouver l’idée dans de nombreux procès de sorcières. J’ai traduit la version du conte de Lady Jane Francesca Wilde, poétesse irlandaise du XIXème siècle, partisane du mouvement nationaliste et accessoirement mère d’Oscar Wilde.

Les Femmes Cornues

Par Lady Jane Francesca Wilde, traduction & adaptation Lune

(Un conte populaire celte)

Alors que toute la famille et les serviteurs étaient endormis, une riche femme s’assit tard dans la nuit pour carder et préparer la laine. Soudain, des coups à la porte retentirent et une voix s’écria : « Ouvrez ! Ouvrez ! »

« Qui est là ? » demanda la femme de la maison.

« Je suis la Sorcière à une Corne, » répondit la voix.

La maîtresse de maison, supposant que l’un de ses voisins l’appelait et demandait de l’aide, ouvrit la porte et une femme entra, elle avait dans ses mains un paire de cardes à laine, et portait une corne sur son front, comme si celle-ci avait poussé là. Elle s’assit près du feu en silence et commença à carder brutalement la laine en toute hâte. Soudain elle s’arrêta et dit à haute voix : « Où sont les femmes ? Elles sont bien trop en retard. »

Puis des coups retentirent une seconde fois à la porte, et une voix s’écria comme auparavant, « Ouvrez ! Ouvrez ! »

La maîtresse se sentit forcer de se lever et d’ouvrir à cet appel, et immédiatement une seconde sorcière entra, elle avait deux cornes sur son front, et dans ses mains une roue pour filer la laine.

« Faites-moi de la place », dit-elle, « Je suis la Sorcière à deux Cornes, » et elle commença à filer la laine aussi vite que l’éclair.

Et d’autres coups à la porte retentirent, un appel se fit entendre, et les sorcières entrèrent, douze femmes en tout s’assirent autour du feu – la première avait une corne, la dernière en avait douze.

Et elles cardaient le fil, et faisaient tournaient leurs roues à filer et enroulaient et tissaient.

Elles chantaient toutes ensemble une ancienne comptine, mais ne disaient pas un mot à la maîtresse de maison. Ces douze femmes étaient étranges à entendre, effroyables à regarder, avec leurs cornes et leurs roues ; et la maîtresse de maison se sentit proche de la mort, et elle tenta de se lever pour appeler à l’aide, mais elle ne pouvait bouger, ni prononcer un mot ni un cri, car le sortilège des sorcières était sur elle. Alors, l’une d’entre elles l’appela en Irlandais et dit :

« Lève-toi, femme, et fais-nous un gâteau. » Alors la maitresse chercha un récipient pour rapporter l’eau du puits afin de délayer la farine et faire le gâteau, mais elle n’en trouva aucun.

Et elles lui dirent, « Prends un tamis et avec ce tamis rapporte l’eau. »

Et elle prit le tamis et se rendit au puits ; mais l’eau s’en écoulait et elle ne pouvait pas en rapporter pour le gâteau, et elle s’assit près du puits et pleura.

Alors une voix vint à elle et dit : « Prends l’argile jaune et la mousse, unis-les, et tapisses-en le tamis ainsi l’eau y restera. »

C’est ce qu’elle fit et le tamis contint l’eau pour le gâteau et la voix dit à nouveau –

« Retournes-y, et lorsque tu arriveras à l’angle nord de la maison, crie trois fois et dis, ‘La montagne des femmes Fenian 1 et le ciel qui la surplombe est entièrement en feu’. »

Et c’est ce qu’elle fit.

Lorsque les sorcières à l’intérieur entendirent l’appel, un grand et terrible cri fendit leurs lèvres et elles se précipitèrent à l’extérieur avec des lamentations et des hurlements sauvages, et s’enfuirent à Slievenamon, là où se trouvait leur principale demeure. Alors l’Esprit du Puits invita la maitresse de maison à entrer et à préparer sa maison contre les enchantements des sorcières au cas où elles reviendraient.

Et en premier lieu, pour briser leurs sortilèges, elle aspergea le seuil extérieur de la porte à l’aide d’eau avec laquelle elle avait lavé les pieds de son enfant (l’eau des pieds) ; en second lieu, elle prit le gâteau que les sorcières avaient fabriqué en son absence en délayant la farine avec le sang de sa famille endormie, elle brisa le gâteau en morceaux, et plaça un morceau dans la bouche de chaque dormeur, et ils furent régénérer ; et elle s’empara du tissu qu’elles avaient tissé et placé à moitié dans le coffre, à moitié en dehors, à l’aide du cadenas ; et enfin, elle barra l’entrée avec une grande poutre fixée aux montants de la porte, ainsi elles ne pourraient pas entrer, et une fois qu’elle eut fait toutes ces choses, elle attendit.

Peu de temps après, les sorcières revinrent, et elles tempêtèrent et réclamèrent vengeance.

« Ouvre ! Ouvre ! » S’écriaient-elles, « Ouvre, Eau-des-Pieds ! »

« Je ne peux pas, » dit l’eau-des-pieds, « Je suis éparpillée sur le sol, et il me faut descendre jusqu’au Lac. »

« Ouvrez, ouvrez, bois et arbres et poutre ! » s’écrièrent-elles devant la porte.

« Je ne peux pas, » dit la porte, « car la poutre est scellée aux montants et il m’est impossible de bouger. »

« Ouvre, ouvre, gâteau que nous avons fait et mêlé de sang ! » s’écrièrent-elles à nouveau.

« Je ne peux pas, » dit le gâteau, « car je suis brisé et meurtri, et mon sang est sur les lèvres des enfants endormis. »

Alors les sorcières se précipitèrent dans les airs avec de grands cris et fuirent jusqu’à Slievenamon 2, en proférant d’étranges malédictions à l’encontre de l’Esprit du Puits, qui avait souhaité leur ruine ; mais la femme et la maison furent laisser en paix. La maîtresse de maison garda le manteau d’une sorcière, que cette dernière avait laissé tomber en plein vol, en symbole de la lutte de cette horrible nuit ; et cinq cents ans plus tard, ce manteau était toujours en possession de la même famille, transmis, de génération en génération.


  1. Fenian : ce terme provient de l’irlandais Na Fianna ou Na Fianna Éireann, qui, dans la mythologie celte était un groupe de guerriers professionnels conduits par Finn Mac Cumaill aux environs du IIIe siècle ap. J.-C. Ce terme désigne également depuis la fin du XIXe siècle les nationalistes irlandais qui luttent avec violence contre la présence britannique.
  2. Slievenamon : en Irlandais, Sliabh na mBan, est une montagne du conté de Tipperary, dans la province de Munster en Irlande. La montagne est liée à de nombreuses légendes irlandaises. On dit qu’elle tient son nom d’une ancienne femme-fée ou Feimhin, qui avait séduit un guerrier du nom de Fionn mac Cumhaill et ses hommes. Une autre légende raconte comment Fionn décida de choisir sa fiancée parmi un groupe de femmes. Celles-ci devaient faire la course jusqu’au sommet pour le rejoindre. Il était assis tout en haut de Slievenamon. La première à atteindre le sommet fut Gráinne, qui devint une figure célèbre du folklore irlandais du fait de ses exploits avec le héros Diarmuid.

Le caractère sacré des plantes

Couronne
Couronne, faite de sarments de vigne et de noisettes (source)

Le monde végétal comme le monde animal fournit à la société paysanne traditionnelle une multitude d’éléments de base entrant non seulement dans la préparation d’une pharmacopée magique mais jouant également un rôle prophylactique par leur simple présence dans la maison. L’utilisation du matériau végétal dans la construction nécessitait déjà, nous l’avons vu, un rituel spécial s’appuyant essentiellement sur la période d’abattage puis du travail du bois.

La cueillette des plantes passe par les mêmes exigences et jusqu’à une époque récente les herboristes professionnels ne négligeaient pas de respecter non seulement l’époque mais également l’heure de la cueillette : milieu de la journée et milieu de la nuit étaient ainsi particulièrement propices. Des précautions supplémentaires, telles que celle de tracer un cercle autour de soi et autour des espèces que l’on cueillait étaient pareillement nécessaire pour éviter autant l’envoûtement par le démon que par la plante elle-même. Celle-ci est donc perçue pendant longtemps comme un être à part entière et la croyance universellement répandue d’espèces végétales pouvant engendrer des êtres humains participe du même esprit. Il n’est donc pas étonnant que les pouvoirs prêtés au monde végétal soient immenses et l’Église reprend à son compte l’essentiel des rites et des croyances le concernant. Ainsi, l’instant magique de la cueillette se raccorde progressivement aux grandes fêtes religieuses : de nombreuses régions ont voué un culte particulier aux plantes cueillies la veille de la Saint-Jean (Millepertuis, verveine, menthe, sauge, armoise, etc.). Feuilles de fougères, feuilles de noyer, herbes Saint-Jean (En Corse il s’agit de l’herbe de l’Ascension) sont alors tressées en couronnes, liées en bottes et suspendues au-dessus des portes et des fenêtres des habitations, dans les granges et les étables qu’elles protègent des forces malignes. Très fréquemment ce sont les restes calcinés du grand mât brûlé sur le bûcher de la Saint-Jean qui détiennent un pouvoir, particulièrement celui d’écarter la foudre, et chacun en serrait dans son armoire un précieux tison. Le pouvoir cathartique du feu de la Saint-Jean, par-dessus lequel tout le village sautait (dans nombre de régions chacun jetait une pierre dans le feu), s’étendait d’ailleurs aux bêtes du troupeau et, dans de nombreuses régions, on frottait les flancs des moutons ou des bêtes à cornes avec les cendres du bûcher (en Poitou on disait en même temps « Te garde monsieur saint Jean ».). La valeur du bois brûlé au solstice d’été se retrouve dans celui consumé au solstice d’hiver et  »la cosse de Nô », la bûche brûlée durant la nuit de Noël dont on garde les restes d’une année sur l’autre, joue le même rôle protecteur en cas d’orage. Pour le combattre, on jetait aussi dans le feu des herbes de la Saint-Jean. La joubarbe passant également pour écarter le tonnerre et protéger de la maladie était souvent plantée sur le toit des maison de chaume ou aux abords de l’habitation. Notons que joubarbe signifie barbe de Jupiter ( »Jovis Barba »). De nombreux toits en sont encore couverts ainsi que les murs de clôture qui ferment la cour des maisons. Il n’est de ferme de la Limagne auvergnate qui ne possède son plant de joubarbe sur le pilier de la porte d’entrée de la cour. Dans d’autres régions, le Berry par exemple, c’est l’aubépine qui protège les bâtiments de la foudre et des maléfices ; cette coutume de préserver les habitations à l’aider d’une branche d’aubépine existait déjà chez les Romains. En Picardie et en Île de France, l’armoise jouait le même rôle. Plus modestement c’est pour empêcher les rats de pénétrer dans la maison ou dans la grange qu’en Champagne et en Picardie, on garnissait leurs trous de fleurs ayant servi aux reposoirs de la Fête-Dieu ou ayant frôlé l’ostensoir pendant la procession. De même, la bénédiction du prêtre rend bénéfique le rameau de buis ou de laurier et lui permet de protéger seuils de portes, cheminées, alcôves, et jusqu’aux ruches. Mais sans entrer dans le cadre des fêtes religieuses ou christianisées, le calendrier agraire fournissait déjà matière à un certain nombre de rites laissant des traces sur l’habitat. Ainsi, la fin des moissons est accompagnée de rites, familiaux ou touchant l’ensemble de la communauté villageoise : dernière poignée de tiges de blé, bouquets de plantes diverses où se mêle le blé, couronnes ou croix d’épis tressées sont allés pendant des siècles rejoindre sur le porche, la porte d’entrée ou le mur de la salle commune la panoplie apotropaïque. L’hommage rendu de cette façon aux divinités de la terre permettait d’obtenir l’année suivante des récoltes aussi abondantes et l’on n’omettait pas de joindre au blé de la semence quelques grains issus de ces  »bouquets des moisson ». La plante peut également dans quelques cas exercer son pouvoir protecteur par la seule magie de sa forme : il en est ainsi des fleurs symboles-solaires, comme les chardons qui, dans les régions de montagne sont cloués sur la porte des maisons.

A suivre : les arbres…

Extrait de Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne traditionnelle par Hervé Fillipetti & Janine Trotereau, aux éditions Berger Levrault, Paris.

Mola, couture & chamanisme

Mola Cuna

Je papotais hier avec Artus au sujet du quiltage, du batik et de la difficulté de leurs réalisations. Puis il m’a montré ce qu’était le mola. Le mola, ou l’art des Kuna (groupe ethnique amérindien qui vit sur les îles San Blas, sur la côte de Panama), est réalisé à la main avec une technique appliquée à revers. C’est l’élément central de l’habit Kuna. Il s’obtient par juxtaposition de plusieurs épaisseurs de tissus unis, aux couleurs contrastées, les motifs sont ainsi découpés dans les différentes couches de tissu, les couleurs sont donc soit révélées, soit mises en réserve, on utilise ainsi telle ou telle autre couleur des couches inférieures puis on réalise une broderie en incrustations. Les motifs sont naïfs et très colorés, ils représentent traditionnellement des formes géométriques, des scènes de la vie quotidienne, des animaux de la forêt mais aussi des animaux marins. Je ne sais pas si mon explication est très claire, si ce n’est pas le cas, l’article de wikipédia est plutôt bien fait.

Le mola m’a fait immédiatement penser aux peintures Huicholes (fils ou perles collés sur plaques ou sculptures en bois) et donc aux visions chamaniques obtenues par la consommation de cactus hallucinogènes. Je ne sais pas si les kunas en consomment, je n’ai pas trouvé grand chose sur le sujet, si ce n’est que leurs chamanes utilisent « certaines plantes psychotropes », qu’ils hument et mâchouillent, et qu’ils utilisent le tambour pour voyager dans l’Autre Monde. En tous cas, il se pourrait que le mola soit fortement lié aux chants chamaniques.

Par l’artiste huichol Rojelio Beuites.

La réalisation des molas est l’œuvre exclusive des femmes. Ceci s’explique à travers la cosmologie de ce peuple :

Les étoiles sont les lumières d’un groupe de maisons dont la nature est à mi-chemin entre les corps solides et l’air. Ces maisons sont habitées par de superbes femmes qui tissent le coton dans la nuit, éclairées par des lampes semblables à celles du peuple blanc. Elles se reproduisent elles-mêmes par la volonté de Paptummatti (littéralement le Grand Père) sans l’intervention des hommes, donnant toujours naissance à des filles.

Par Gomez Antonio, El Cosmos, Religion y Creencias de los Indios Cuna. In Boletin de Antropologia 3(11)55-98. Medelllin, Universidad de Antioquia. 1969.

Les indiens Cunas expliquent l’origine du mola par un mythe :

« Les molas viennent du kalu Tuipis.
C’était un lieu dangereux,
où vivaient les spécialistes des ciseaux…
Elles étaient de très belles femmes.
Dans ce kalu nul homme ne pouvait entrer,
Même chaman.
Lorsque l’un s’en approchait, l’une sortait.
Elle le séduisait, elle en faisait son mari,
Puis elle le renvoyait sans qu’il ait pu passer.

Alors on délégua Olonaguelidi, la sœur d’un chaman, un nele.
Elle put pénétrer dans le kalu Tuipis.
Elle entra, elle regarda.
Elle vit la première les maîtresses des arbres,
Pareilles à des femmes.
Elle vit la première ce lieu couvert de figures,
De signes changeants, tels les nuages du ciel,
De feuillages, de troncs, de pierres
Qui semblaient être purs dessins et écritures.
Elle vit la première les dessins des molas.
Elle vit des femmes qui coupaient,
D’autres qui cousaient.
Il y avait une table, de grands tissus.

De retour Olonaguedili compta à ses enfants :
Les dessins sont faits ainsi, dit-elle,
Le tissu se coupe comme ceci, se coud comme cela…
Les femmes l’interrogeaient…
Elle apprit ainsi dans la quatrième couche.
Avant les femmes s’habillaient de feuilles. »

(conté par E. G., Mulatupu, “ l’île de l’urubu ”, 1994)

Il n’y a pas de symbolisme explicite lié à la confection du / de la mola, mais on peut mettre en rapport leur technique de superposition de tissus avec leur conception du monde qui serait composé de 8 couches.

La terre a plusieurs couches, plusieurs pilli.
En chacune vivent des esprits et leurs maîtres.
Seul le chamane peut les visiter.
Dans la deuxième, il voit les choses d’ici,
Sauf les montagnes, qui sont moins hautes.
La troisième couche aussi est comme ici,
sauf le paysage, qui est plat.
Mais les chamanes ne peuvent pas aller plus loin.
Seuls ceux d’antan ont pénétré la quatrième couche.
Au-delà des huit couches,
il y aurait un autre monde.

(D’après E. Nördenskiöld )

Source des deux derniers textes : ULB

Ouganda

En Ouganda, lorsqu’une fille a ses premières règles, elle peut ne pas aller à l’école et rester à la maison. Sa mère et ses tantes passerent alors toute la journée avec elle et lui disent toutes les choses qu’elle a besoin de savoir.

Plus tard, ses amies viendront lui rendre visite et feront la fête. Elles chanteront toutes ensemble une magnifique chanson sur les menstruations.

Extrait du site onewoman.com, traduction Lune