Rebouteux, sorciers des campagnes, sages-femmes et esprits familiers…

Je suis généralement déçue par les livres qui traitent de sorcellerie, tout genres confondus. Je les trouve souvent creux et sans intérêt, ou pire à côté de la plaque. Même parmi les auteurs ‘reconnus’. Quand certains s’extasient sur les écrits d’Evan Jones par exemple, ben je m’étonne (cf les divers textes sur les portes du sidh).

Evidemment, je ne parle même pas des auteurs comme Ann Moura, Patricia Telesco et cie… là on est carrément dans une autre dimension =).

Désormais, je n’achète plus de livres sans consulter Google Books. Je me suis amusée à constituer une petite bibliothèque virtuelle avec toutes sortes d’auteurs (toujours traitant du même sujet). Ca m’a permis de lire de larges extraits de divers livres que l’on m’avait recommandé et de me forger ma propre opinion… Cela m’évite désormais de mettre de l’argent dans des… désolée mais je ne trouve pas de termes élégants… ‘merdes’.

Heureusement, il m’arrive aussi de tomber sur de petits bijoux. Et là je pense à Emma Wilby, une historienne anglaise, et son Cunning Folk & Familiar Spirits: Shamanistic Visionary Traditions in Early Modern British Witchcraft and Magic. Je l’ai reçu il y a quelques jours et je l’ai largement entamé avec enthousiasme. Cela commence par les minutes du procès pour Sorcellerie d’une écossaise, Bessie Dunlop, en novembre 1576. Je vous rassure tout de suite, cela n’a rien à voir avec un trip fumeux à la Margaret Murray =).

Je n’en parle pas davantage car je ne l’ai pas encore terminé. J’en dirais probablement un peu plus dans quelques temps. En attendant voici le sommaire et la traduction de la 4ème de couverture :

List of Illustrations
Préface : Walking with Spirits – A cunning Woman’s Tale
Acknowledgments

Part I – Demon and Fairy Familiars : The Historical Context

Introduction to Part I

  1. A Harsh and Enchanted World
  2. Cunning Folk and Witches
  3. The Magical Use of Spirits
  4. Human and Spirit : the Meeting
  5. The Working Relationship
  6. Renunciation and Pact
  7. Demon and Fairy : the Interface

Part II – Anthropological Perspectives

Introduction to Part II

  1. The Shaman’s Calling
  2. Spirit Worlds and High Gods

Part III – The Experiential Dimension

Introduction to Part III

  1. Phantasticks and Phantasms
  2. Psychosis or Spiritualité ?
  3. The Unrecognized Mystics
  4. Greedigut and the Angel Gabriel
  5. The Freedom of Magic

Notes
Bibliography
Index


La quatrième de couverture
:

« La magie et la sorcellerie ont toutes deux représenté l’un des sujets les plus difficiles et les plus provocateurs pour les historiens modernes. Le livre d’Emma Wilby est remarquablement intéressant, opportun et porte un regard neuf sur ces sujets, il est l’un des plus courageux jamais encore tenté. » Professeur Ronald Hutton de l’Université de Bristol, auteur de The Triumph of the Moon : A History of Modern Pagan Witchcraft (OUP), et une autorité éminente concernant l’histoire du paganisme moderne.

Ce livre :

  • Contient la première étude détaillée de la croyance populaire du familier dans la Grande-Bretagne du début de l’époque moderne.
  • Fournit une analyse en profondeur de la corrélation entre la magie Britannique du début de l’époque moderne et le chamanisme tribal.
  • Etudie la dimension expérientielle de la magie populaire et de la sorcellerie dans la Grande-Bretagne du début de la période moderne.
  • Explore les liens entre les croyances britanniques concernant les fées et celles concernant les sorcières.

De nombreuses confessions liées aux procès en sorcellerie et magie dans la Grande-Bretagne du début de l’époque moderne donnent des descriptions détaillées des relations de travail intimes entre les praticiens de magie populaire et les esprits familiers qu’ils aient une forme humaine ou animale. Jusqu’à récemment, les historiens écartaient souvent ces descriptions les considérant comme des fictions complexes créées de toute pièce par les questionneurs juridiques pressés de trouver la preuve de pactes avec le Diable stéréotypés. Bien que ce paradigme soit aujourd’hui, habituellement, mis en doute, et que la plupart des historiens reconnaissent du traditionnel familier qu’il fut une part du folklore au cours de cette période, ces croyances, et les expériences rapportées qui y sont associées, restent substantiellement inexplorées.

Ce livre examine les racines folkloriques de la tradition du familier sous divers angles : historiques, anthropologiques et religions comparées. Il soutient que les croyances au sujet des familiers des sorcières sont enracinées dans les croyances concernant l’emploi de  familiers fées pour le bienfait de celui qui pratique la magie ou du « cunning folk » (note de Lune : on peut pas vraiment traduire ce terme anglais par sorcier des campagnes car l’auteur fait une distinction entre les cunning folk et les sorciers. Les premiers pratiquaient la magie bénéfique, les seconds la magie maléfique), et corrobore ceci par une analyse comparative des croyances des familiers que l’on retrouve dans le chamanisme des Indiens d’Amérique et Sibérien. L’auteur explore la dimension expérientielle de la tradition du familier en traçant des parallèles entre les rencontres du familier du début de l’époque moderne et le mysticisme visionnaire tel qu’il apparaît à la fois dans le chamanisme tribal et dans les traditions contemplatives Européennes médiévales. Ces perspectives défient la vision réductrice de la magie populaire dans la Grande-Bretagne du début de l’époque moderne telle qu’elle est souvent présentée par les historiens.

Les limites de l’enchantement

J’ai découvert Dark Sister il y a une dizaine d’années par l’intermédiaire d’une amie qui baignait plus ou moins dans le milieu ésotérique et qui connaissait mon vif intérêt pour la sorcellerie. L’histoire m’a réellement emballée même si je l’ai trouvée plutôt mal écrite (mal traduite ?) et parfois clichée. Ca ne m’a pas empêché de relire ce bouquin de nombreuses fois. Je l’ai prêté (miracle il m’est toujours revenu) et il a beaucoup plu autour de moi. Comme l’édition française était épuisée depuis longtemps, l’une des personnes à qui je l’ai prêté à souhaiter le numériser. On peut d’ailleurs le trouver au format word sur le net, en cherchant bien. Mais, je vous conseille plutôt de l’acheter, on le trouve pour moins d’un euro dans les librairies virtuelles d’occasion .^^

De nombreux autres livres de Graham Joyce ont depuis été traduits en français. C’est l’un d’entre eux qui a attiré mon attention. J’ai lu plusieurs critiques dithyrambiques, en anglais et en français, au sujet des Limites de l’Enchantement. J’ai hésité à l’acheter car 20 €, ce n’est pas donné pour mon petit porte-monnaie et il n’est pas encore sorti en poche. Puis je suis tombée sur un exemplaire d’occasion (pourtant neuf, jamais ouvert) à 2,50 € =) J’ai trouvé le style bien meilleur (et mieux traduit ?) que Dark Sister. L’auteur a, entre temps, remporté quatre British Fantasy Awards, deux Grands Prix de l’Imaginaire et un World Fantasy Award. L’histoire des Limites de l’enchantement m’a séduite, je l’ai dévorée (gloups en deux soirs) !

Il y a bien quelques détails qui m’ont fait tiqué, l’auteur ne maîtrise pas tous les sujets qu’il traîte. Je trouve également ses scènes érotiques assez mauvaises et passablement ridicules (même si c’est l’effet recherché pour certaines d’entre elles). La fin m’a paru plutôt convenue, mais je suis rarement satisfaite des fins de roman… Elles me laissent toujours l’impression d’avoir été bâclées.

Ceci dit, ne m’écoutez pas, faites-vous votre propre opinion. Il reste des exemplaires à petit prix à cette adresse.

Je copie colle les infos :

Résumé :

Elevée en marge de la société, la jeune Fern vit aux limites du monde réel. Son esprit vagabonde à l’affût des voix et des messages qu’exprime la nature dont elle connaît de nombreux mystères. Sa mère adoptive lui a transmis, jour après jour, la science des plantes et de leurs vertus, de la façon de mener un accouchement à celle de provoquer des avortements… Mais le monde qui les entoure est en train de changer. Et il suffit d’un faux pas pour que ceux que Fern et sa mère ont aidés si longtemps se retournent contre elles… Au-delà d’un conte singulier, Graham Joyce nous livre une chronique sociale d’une grande sensibilité, une histoire de femmes dans l’Angleterre rurale des années 60 en pleine mutation. Un récit impressionnist qui fleure bon la terre et le folklore, heureuse rencontre entre Steinbeck, Seignolle et Lewis Carroll. Une histoire de secrets anciens et d’une vie nouvelle.

A propos de l’auteur :

Graham Joyce est né en 1954 près de Coventry (G-B.). Il a étudié et enseigné la littérature anglo-saxonne avant de s’exiler sur une île grecque pour écrire son premier livre. Depuis 1991, il a publié douze romans et de nombreuses nouvelles, récompensés par quatre British Fantasy Awards, deux Grands Prix de l’Imaginaire et enfin le World Fantasy Award pour Lignes de vie. Graham Joyce est aujourd’hui reconnu dans la littérature générale comme l’un des grands écrivains anglais contemporains. Plusieurs de ses romans sont en cours d’adaptation au cinéma.

Les herbes ont une âme !

Les plantes m’ont toujours fascinée, pour leurs beautés, leurs parfums, leurs qualités magiques et médicinales et pour des raisons qui m’échappent. J’ai lu quelques livres à leur sujet. Toutes sortes de livres : sur la phytothérapie, sur l’ethnobotanique, sur la magie, sur les encens, sur la cuisine, sur les soins beauté et les parfums. J’ai même suivi des cours d’herboriste !

C’est un sujet passionnant mais une chose m’a toujours plus ou moins gênée dans notre comportement vis-à-vis d’elles, ainsi que dans les livres sur la « magie verte », ou si j’utilise ce néologisme que l’on trouve un peu partout sur le net « l’herbalisme ». Je ne savais pas vraiment mettre de mots sur cette gêne. C’est lorsque j’ai rencontré mon compagnon que j’ai commencé à saisir. Il m’a fait découvrir les plantes sous un tout nouvel angle. Il m’a appris des techniques issues du core-chamanisme, j’ai mangé certaines plantes et un « dialogue » est né entre elles et moi. Mais en réalité, si je n’avais pas été déconnectée de la nature, j’aurais très bien pu trouver toute seule, sans rien, et en vérité c’est tellement simple, tellement facile, tellement naturel… que c’en est triste à pleurer !

Nous traitons les plantes comme des médicaments, des ingrédients, des choses sans âme, des objets juste bons à nous servir, ni plus ni moins. Ainsi, on met une distance énorme entre elles et nous. Par peur ?

Nous, humains, avons tendance à nous croire au-dessus de la nature, supérieurs. Oui même les néo-païens qui prônent pourtant largement ce retour nécessaire à cette nature, qui disent la respecter et l’honorer et qui, par ailleurs, pensent que la terre est en danger à cause nous.

En cela, nous ne sommes pourtant pas différents des acariens qui s’attaquent sauvagement à une plante, qui la consomme, consomme, consomme jusqu’à l’épuisement. Notre QI ne dépasse nullement celui de ces petites bêtes car nous ne pensons pas sur le long terme. Les crises actuelles en témoignent, je pense notamment au pétrole dans un autre genre. Mais peut-être est-ce une attitude naturelle, nous sommes des cueilleurs à la base, nous prenons ce que nous trouvons (jusqu’à l’écœurement ?). Mais je ne suis pas certaine que nous mettons la Terre en danger, m’est avis qu’elle a encore un bel avenir devant elle, ce qui ne sera peut-être pas notre cas à nous, humains, et avec nous de nombreuses espèces animales et végétales ?

Je ne connais pas les raisons de cette peur de la nature. Sans doute a-t-elle un lien avec la peur de la mort et notre perception étriquée du temps ? Je ne peux que supposer. Les plantes peuvent agir comme un miroir et nous renvoyer notre véritable image, notre véritable nature… Nous sommes cette Nature ambivalente. Elles peuvent révéler sur nous-mêmes des choses que nous ne souhaitons ni voir ni reconnaitre : notre part d’ombre.

Sur la voie de la spiritualité, c’est pourtant une étape indispensable. On ne peut y couper.

Cependant, cette attitude (cette connaissance de soi-même, son acceptation, bref ce début de chemin vers la ‘guérison’ et le bonheur) n’est pas évidente parmi les néo-païens.

À la plupart, vieux ou jeunes, parlez-leur de tisanes à la camomille et de coussins de rêves remplis d’armoise autant que vous voudrez. Aucun problème. Parlez-leur de vos dialogues intuitifs avec ces herbes, de vos voyages dans l’autre-monde, de guérison profonde et des effets psychoactifs des plantes (plantes qui peuvent tout à fait être légales j’entends =)). Au mieux, il n’y aura plus personne. Mais généralement, vous vous ferez traiter de cinglé, de drogué et de dégénéré (dans votre dos éventuellement)… Par ceux-là même qui fantasment sur le vol des sorcières et mettent des gants en plastique pour cueillir des plantes !

Je suis persuadée qu’une bonne connaissance des plantes ne passent pas uniquement par des études scientifiques et la lecture d’ouvrages sérieux. J’ai souvent constaté qu’une plante n’agissait pas de la même manière d’une personne à l’autre. D’ailleurs, quand nous les écoutons, elles nous le disent ! Évidemment, il ne faut pas faire n’importe quoi, n’importe comment, on n’est pas obligé d’être irresponsable, même avec des plantes « dites » inoffensives. À forte dose ou simplement lorsqu’on travaille avec elles de manière inappropriée, certaines peuvent s’avérer mortelles.

Commençons peut-être par les respecter et les voir telles qu’elles sont : des êtres vivants à part entière avec une âme, et aussi des alliés précieux. Cessons d’avoir une attitude de consommateurs avec elles (comme avec le reste d’ailleurs =)), et ce, en mettant à la poubelle tout ces livres et leurs tableaux de correspondances magiques qui ne sont probablement pas issus d’une quelconque expérience mais sûrement d’un désir mercantile. Bref connectons-nous à elles, elles ont beaucoup à nous apprendre :)

La Cueillette éthique des Plantes Sauvages

Récolte d’achillée millefeuille

Quand j’ai traduit le texte sur l’hedgewitchery, je suis tombée sur ce terme : Wildcrafting. Évidemment, j’ai cherché sa signification dans différents dictionnaires et je n’ai rien trouvé, puis j’ai cliqué sur le lien interne de l’article de Wikipédia.

Le Wildcrafting est le terme anglophone pour définir la pratique de cueillette des plantes dans leur habitat naturel ou « sauvage ». Ces récoltes servent à se nourrir, se soigner mais elles peuvent également être destinées à d’autres utilisations (teinture, encens, pratiques magiques…). Cette pratique concerne les plantes non-cultivées. On récolte ces dernières partout où il est possible d’en trouver et sans se limiter aux espaces sauvages. Cette pratique est, le plus souvent, intimement liée à certaines considérations éthiques, telles que la préservation d’espèces en voie de disparition.

Si je résume… Cueillette de plantes sauvages + éthique = Wildcrafting.

Lorsque le wildcrafting se fait dans le respect des plantes et de leur habitat, qu’on pense cette pratique sur sur le long terme, généralement seules les branches, ramures et fleurs sont récupérées. On prend soin de laisser la plante vivante. Lorsqu’il est nécessaire de récupérer la plante entière, on plante dans son trou quelques graines. On prend soin également de ne récupérer que quelques plantes, fleurs ou branches, afin de préserver la plante et son environnement. Inutile de prendre plus que ce qui est nécessaire ! D’autres auront probablement besoin de ces plantes : les animaux, les insectes. Ils contribueront d’ailleurs à leur pollinisation, à leur renouvellement et la dispersion des graines.

Au cours de mes balades en ville ou à la campagne, je rencontre souvent un bon nombre de simples ou de fruits. J’hésite toujours à les cueillir. Sont-ils « propres » ou « pollués » ? Généralement je préfère m’abstenir. Je me souviens d’une femme qui vivait à la campagne et avait découvert en bordure de champs de magnifiques pissenlits. Elle les a cueillis puis mangés en salade. Elle s’est retrouvée très vite malade, son corps rempli de splendides plaques rouges. Le médecin a conclu à une ‘intoxication au pesticide’. Le champs voisin avait été traité récemment par l’agriculteur. Miam !

Quatre points à retenir :

  1. Avant toute cueillette de plantes, examinez l’environnement. Est-il sain ou malade ? Y a-t-on pulvérisé des produits chimiques ou est-il net ? Ne récupérez rien sur un site « malade » ou en bord de route, ces lieux sont probablement pollués.
  2. Ressemez derrière vous quand nécessaire, mais pas n’importe comment.
  3. Ne prenez pas plus que nécessaire. Pensez aux autres ! Aux animaux et aux insectes par exemple. Ils contribuent au renouvellement des plantes (pollinisation, dispersion des graines.) Bref ! Respectez l’écosystème.
  4. Renseignez-vous sur les plantes. Ne cueillez pas n’importe lesquelles, certaines sont protégées. Il existe une règlementation.

En France, les agriculteurs bio font parfois appel à des cueilleurs. Ils peuvent s’engager à faire travailler ces personnes de façon éthique. Ces dernières devront alors cueillir les plantes dans les zones naturelles, les forêts ou les zones agricoles. La récolte de végétaux comestibles et de parties de ceux-ci, croissant spontanément dans les zones naturelles, dans les forêts et des zones agricoles, est considérée comme un mode de production biologique sous certaines conditions (les mêmes que celles déjà citées plus haut : zones propres, respect des zones en question, préservation des plantes dans leur zone de récolte).

Par Lune, 2008.

Sources :

Wikipedia
Ecocert
Légifrance