Des modes se créent, passent, reviennent… même au sein de la communauté sorcière francophone. De nouveaux termes, de (pseudo-)nouvelles « traditions », apparaissent et tentent de définir un ensemble de pratiques plus ou moins précises et particulières. Je pense par exemple à l’hedgewitchery et à la kitchen witchery. Je les trouve un peu barbare ces termes. Hedgewitch = Sorcière de la Haie, Sorcière des Haies… ça laisse dubitatif et au mieux on s’écrit à la mode percevalienne : « c’est pas fauuuux ! ». Pas mieux pour la Kitchen Witch, mon cerveau ne peut s’empêcher de transformer ce mot composé en un autre, à peine moins classe, sorcière-bobonne.
En vérité, pourquoi tout ces mots à tiroir ? Sont-ils nés d’un besoin de se différencier des sorciers-magiciens cérémoniels tendance branlouille cérébrale. Possible. Ou bien du besoin (adolescent attardé) d’appartenir à une sorte de groupe, la nécessité de s’inclure dans une petite ‘boîte’ sociale, histoire de se rassurer, de s’individualiser mais pas trop ? Probablement !
Quand on y regarde de plus près, un seul terme suffit à définir les pratiques magiques, de transe, de guérison de ces sorcières des haies et des fourneaux : sorcière.
Il est assez théâtral pour marquer l’esprit et brosser l’ego dans le sens du poil, un brin rebelle pour satisfaire l’adolescent en soi, pis surtout moins chiant à prononcer et à écrire.
‘Fin tout ça pour introduire ma dernière traduction sur le sujet. Elle me tient à cœur. Une fois n’est pas coutume, j’ai bien aimé lire ce texte sur wikipedia. Il est loin d’être aussi pédant que celui de J. Faulk : The Hedgewitch, les mensonges et la vérité… Même si l’auteur s’imagine avoir la science infuse, lisez cet article également, ça vous changera des versions bisounours de l’hedge-witchcraft qui pullulent sur la toile !
Hedgewitch, Hedge-Witchcraft, Hedgewitchery, Hedgecraft…
Extrait de Wikipédia, Traduction Lune
Red Hedgewitch par Cherrie Button ©
Un Hedgewitch est quelqu’un qui pratique l’Hedgewitchery ou Hedgecraft. L’Hedgecraft est une voie spirituelle et considérée comme une forme de la sorcellerie européenne. Elle est pratiquée le plus communément par les néo-païens modernes et certaines personnes la considèrent comme une tradition dérivée de la Wicca, religion néo-païenne. L’Hedgecraft s’inspire assez librement des vieilles et vieux sages, des rebouteux, des herboristes, des guérisseurs et sorcières à travers l’histoire. Certains adeptes ont déclaré qu’il s’agit de la religion des traditionnels sorciers des campagnes de l’Angleterre. Les pratiques les plus anciennes et les plus traditionnelles de l’hedgewitchery ou hedge riding sont chamaniques par nature et souvent (mais pas toujours) incluent l’usage magique et médicinale des plantes enthéogènes sous forme d’onguents de vol et de baumes pour atteindre un état de transe extatique traditionnellement connue comme « oot ‘n aboot » (ndlt : « out and about » est une expression qui signifie : sortir, être en vadrouille, ici et là).
Les Hedgewitches pratiquent souvent la phytothérapie, la magie, le wildcrafting (ndlt : récolter les herbes dans leur habitat naturel, sauvage, pour se nourrir, se soigner, ou dans d’autres buts… Il s’agit de récolter des plantes non-cultivées) et de nombreuses formes de guérison. Les Hedgewitches sont généralement détachés des travaux magiques excessivement formels, préférant la magie populaire beaucoup plus simple. Il s’agit d’une tradition éclectique, mais tout dépend du praticien.
La pratique de la plupart des Hedgewitches se déroule généralement à la maison, en solitaire et en privé. Les Hedgewitches peuvent, cependant, encore être actifs au sein de leur communauté païenne locale.
En termes physiques, la haie (hedge en anglais) séparait la ville de la nature sauvage. On considérait que le fait de franchir la haie était dangereux, parce que la forêt était perçue comme un lieu d’évènements étranges, incluant la sorcellerie. Pour l’hedgewitch et les sorcières de la même façon, la haie n’était pas envisagée comme étant une frontière physique, mais comme une barrière mentale à dépasser au cours du travail de transe. Il s’agit de la ligne dessinée entre ce monde et le suivant ; entre la réalité et le rêve. La pratique chamanique est commune et considérée comme une caractéristique d’un Hedgewitch. De ce point de vue, si la haie est la frontière entre un village et la nature sauvage, l’Hedgewitch franchit la frontière et garde un pied dans chaque monde. Les Hedgewitches emploient souvent les termes « Walking the Hedge » (ndlt : marcher / se promener sur la haie), « Crossing the hedge » (ndlt : franchir la haie) ou « Riding the hedge » (ndlt : chevaucher la haie… comme une sorcière son balai) pour parler de l’acte du Voyage Chamanique, du Voyage Astral, de l’Envol/Vol/Voyage de l’Âme (etc.).
Toutes considérations académiques mises à part, le sens strict du terme, et sa connotation médiévale, de frontières et seuil magiques entre les mondes, fut tout d’abord encouragée par Nigel Jackson, à travers son livre Call of the Horned Piper écrit en 1994. Il a dès lors exercé une lourde influence dans le milieu de la sorcellerie contemporaine, amenant une résonance plus archaïque au terme « hedge-witch » et un sens à la pratique magique.
La spiritualité des Hedgewitches varie et dépend de chaque individu ; habituellement ils se tournent vers leur propre héritage et ascendance. Les Hegdewitches pratiquent une certaine forme de néo-paganisme. La pratique spirituelle quotidienne d’un Hedgewitch sera adaptée à ses talents, intérêts et style de vie personnels.
Etymologie
Le terme Hedgewitch est source à controverse en raison de sa nature idiosyncrasique. En examinant le mot « hedgewitch, » nous pouvons apprendre qu’il provient du mot Saxon witch (ndlt : sorcière), haegtessa, qui se traduit par « hedge-rider » (celui qui chevauche la haie, qui s’assoit sur la haie). La ballade Vieille-Norroise Havamal évoque « des chevaucheurs de haie, ensorceleurs dans les airs. » Myrk-rider, Wyrd-rider, et Gandreidh (chevaucheur de baguette) sont d’autres noms pour parler des hedge-riders. Le mot « hedgewitch » est, d’aussi loin que nous pouvons le dire, un terme plutôt moderne. Bien que l’on ne connaitra jamais sa véritable origine, ce terme semblerait venir de Grande-Bretagne et son usage ne serait vieux que de 50 ans.
« L’Hedgewitch » de Rae Beth.
En 1992, l’auteure païenne moderne Rae Beth sort un livre intitulé Hedge Witch: A Guide to Solitary Witchcraft. Il s’agit d’une tentative de redéfinition du terme dans le contexte moderne. Rae Beth propose ceci : « Le travail de l’hedge witch consiste à reprendre la compréhension des mystères du monde sauvage et de la mettre au service de la vie, par l’intermédiaire de sortilèges qui peuvent aider et guérir la terre, l’autre peuple ou créatures, ou notre propre Soi. ». Elle dit aussi que l’Hedgewitch est un solitaire. Cette idée de praticien solitaire et individualiste que l’on retrouve dans la définition du terme par Rae Beth laisse à penser que cette auteure s’est inspirée d’une ancienne expression : « hedge-preacher ». « L’hedge-preacher » désigne un prédicateur itinérant sans domicile fixe. Toutefois, la définition et la pratique de l’Hedgecraft, telles que décrites par Rae Beth, sont sujettes à controverses car elles sont, évidemment, fortement basées sur la Wicca.
Référence :
– Beth, Rae. Hedge Witch: A Guide to Solitary Witchcraft, Robert Hale, 1992.
Sources :
– Beth, Rae. Hedge Witch: A Guide to Solitary Witchcraft, Robert Hale, 1992.
– Duerr, Hans Peter. Dreamtime: Concerning the Boundary between Wilderness and Civilization, pp. 46, 47, 65, 97, 132. Translated by Felicitas Goodman. Blackwell, 1985.
– Jackson, Nigel A. Call of the Horned Piper, pp. 4-5, 13, 14-15, 19-21. Capall Bann, 1994.