Pierres de pouvoir

Quelques pierres et bryones

J’adore les cailloux sans prétentions, j’aime aussi ceux aux formes et  aux couleurs particulières. J’ai gardé le plaisir enfantin de chercher ces petits trésors au fil de mes ballades… Mais j’apprécie davantage de tomber sur l’un d’eux par hasard. Avec le temps, j’ai accumulé tout un tas de pierres magiques, on m’en a également offert un certain nombre : des pierres trouées, des quartz, des oursins et ammonites fossilisés… Ce petit peuple des pierres envahit la maison, peut-être un peu trop :) Je me suis dit que je pourrais alors confectionner des talismans à partir de certains d’entre eux et les proposer dans mon futur e-shop.

En attendant de m’y mettre, je passe en revue certaines d’entre elles.

Quelques-unes des mes pierres trouées naturellement

Pierre trouée : c’est sûrement ma pierre préférée :) On raconte qu’elle est le lien entre ce monde-ci et le suivant, un lien entre le monde des hommes et celui des fées. De telles pierres représentent pour certains la Déesse, le principe féminin. La pierre trouée symbolise le sexe féminin et elle peut être utilisée pour renforcer certains sorts liés à l’amour et au sexe, tout comme les pierres phalliques. C’est aussi une pierre de protection et porte-bonheur. On raconte qu’elle protègerait des sortilèges néfastes. En cela, on la nomme pierre sorcière. C’est notamment le cas en Auvergne, les silex troués protègent des maléfices autant que des cauchemars, en fonction de leur utilisation.

Selon Charles Leland, dans son évangile des sorcières, trouver une pierre trouée serait un signe particulier de la faveur de Diane.

Pierre toute ronde

Pierre ronde : j’en ai déjà vu utilisée au cours de sortilège de guérison par des sorciers modernes. Ceux-là y voient, comme pour les pierres trouées, un symbole féminin et l’emploient pour représenter la femme au cours de ces sortilèges de guérison. Les rebouteux des campagnes utilisaient/ent également cette pierre pour guérir en l’appliquant sur la partie du corps malade. Une fois encore, selon l’évangile des sorcières de Leland, trouver une telle pierre, petite ou grande, serait de bonne augure et il ne faudrait jamais s’en défaire ou la donner sous peine de perdre ou donner sa chance.

Pierres phalliques. La plus grande tient debout et ressemble incroyablement à un phallus dressé… La classe =)

Pierre phallique : le symbole est évident et comme pour la pierre trouée, elle est parfois utilisée dans les sortilèges de magie amoureuse et sexuelle. Elle représente également le principe divin masculin au sein de la sorcellerie contemporaine. C’est une pierre symbole de vie et donc considérée comme un porte-bonheur.

Pierre en spirale

Pierre en spirale : l’ammonite fossile est une pierre de protection. Les rebouteux auvergnats la considéraient comme telle. Certains y voient en elle un serpent enroulé transformé en pierre. Pour moi, elle est semblable à l’escargot et renvoie au temps cyclique, à la vie, la mort et la renaissance. Elle est censée favoriser les rêves prophétiques selon Pline.

Pierre de sang

Pierre de sang : les rebouteux l’emploient pour guérir « le sang », c’est à dire toutes les maladies liées au sang : saignement de nez, hémorroïdes, varices, etc. Elle est censée stopper les hémorragies. Ils l’appliquent directement sur la partie malade.

Pierres de serpent

Pierre de serpent : les sorciers des campagnes prenaient l’oursin fossile pour un œuf de serpent, tout comme nos ancêtres gaulois (cf. Pline,  in Histoire Naturelle). Doreen Valiente voyait  en ces fossiles les pierres magiques des Druides et pensait que leur utilisation magique datait probablement de la grande antiquité. En France, on l’utilisait pour guérir les morsures de serpent, c’était une pierre à venin. Elle protégeait du malheur celui qui la gardait dans la poche. D’après Hugues Berton, dans son étude sur les pierres à venin :

Ces pierres étaient et sont utilisées gratuitement, il convient de le souligner, pour guérir les morsures de serpent, piqûres d’insectes, affections causées par le venin des crapauds, la prise de souffle des salamandres, ainsi que certaines maladies de peau (dartres, tumeurs), dysenterie, tant des hommes que des animaux. Leur usage s’est maintenu jusqu’à nos jours dans plusieurs familles, qui leur attribuent une valeur considérable.

En Angleterre, on appelle ces oursins fossiles le « pain des fées ». Les anglais du Sussex posaient sur le rebord de leurs fenêtres une variété d’oursin fossile particulière : la couronne de berger ou micraster coranguinum. Celle-ci possède une forme de cœur et était censée protéger « les maisons de la foudre, de la sorcellerie et du mauvais œil ». Doreen Valiente lui attribuait de grandes qualités magiques.

Croix des fées

Pierre aux fées : aussi appelée staurodite, pierre de la croix, croix aux fées… C’est une pierre que l’on trouve dans diverses régions françaises et tout particulièrement en Bretagne. On dit qu’elle procure une grande protection et chance, elle écarte les maléfices. En Auvergne, elle servait notamment à arrêter les hémorragies mais aussi à se protéger des peurs nocturnes. Au sein de la sorcellerie contemporaine, la pierre des fées représente les quatre éléments.

Je complèterai mon article dès que j’aurai retrouvé mes autres pierres, encore emballée dans les cartons du déménagement :)

Sources :

Les fossiles utilisés comme talismans

Par Doreen Valiente ©, traduction Lune

Collection de l’auteur

Cela a toujours été une pratique de sorcières d’utiliser des choses qui sont d’une certaine manière saisissantes et mystérieuses. De cette façon, elles impressionnaient fortement leur esprit avec ce qu’elles tentaient de faire.

Les fossiles ont longtemps été considérés comme des objets vraiment mystérieux, apparaissant comme des produits de la Nature transformés en pierre. Par exemple, les fossiles en spirale appelés ammonites étaient parfois connus comme des pierres serpents. On croyait qu’un serpent enroulé était devenu une pierre. En fait, il s’agit des restes d’une sorte de coquillage géant, aux allures d’escargot. Mais même lorsque nous savons ce que sont ces fossiles, il est étrange de tenir dans sa main ce qui fut une créature qui a vécu il y a des millions d’années.

Le micraster coranguinum (shepherd’s crown en anglais) est un fossile à qui l’on attribue de grandes propriétés magiques, il s’agit d’une sorte d’oursin de mer fossilisé. Ils possèdent souvent une forme de cœur parfaite, avec un dessin à 5 branches sur le dessus. Une variété relativement similaire, bien que plus haute et plus ronde, est nommée « fairy loaves », pains de fée.

Ces oursins de mer fossilisés ont été découverts dans des tombes néolithiques ; et ils pourraient s’agir de la pierre (« glane-stone » dans le texte) magique des Druides, du fait qu’elle corresponde à la description donnée par les écrivains antiques. Leur fonction magique remonte donc à la grande antiquité.

Dans le Sussex, ceux qui résidaient dans des cottages (ndlt : maison campagnarde anglaise) avaient l’habitude de placer des micraster coranguinum (ndlt : oursins fossiles en forme de cœur) sur le rebord de leurs fenêtres afin de protéger leur maison de la foudre, de la sorcellerie et du mauvais œil. Si un fermier en trouvait un lorsqu’il creusait et labourait, il le ramassait, crachait dessus et le balançait par dessus son épaule gauche. Tout ceci était fait pour éviter la malchance.

Je me souviens que ma mère me racontait comment sa mère avait l’habitude de placer de grands fossiles d’oursin (ndlt : ceux en forme de cœur) sur le manteau de cheminée chez elle. Ils étaient un bien précieux et ma grand-mère avait l’habitude de les polir régulièrement avec de la cire noire à chaussure ! La raison n’est pas claire ; peut-être y avait-il derrière cela quelqu’idée selon laquelle on devait rendre certains services réguliers et attentions aux objets magiques, bien que cela ait pu être simplement une manie Victorienne de polir les objets. Leur présence au-dessus du foyer, bien sûr, avait pour but de protéger la cheminée, un moyen potentiel pour les mauvaises influences d’entrer. On avait l’habitude de menacer les méchants enfants en leur disant que « quelque chose de mauvais descendrait de la cheminée pour les chercher. »

Un autre fossile était utilisé comme amulette protectrice pour la maison : la pierre sorcière. Parfois, ce nom est également donné à un silex troué ; mais la véritable pierre sorcière du Sussex est un petit fossile possédant la forme parfaite d’une perle – ronde, blanche, vaguement brillante et avec un trou au milieu. On trouve également ces fossiles dans le Yorkshire et en d’autres lieux. Ce sont en fait des éponges fossiles, le produit des mers chaudes vieux de millions d’années. Leur juste nom est Porosphaera globularis. Les gens portaient ces ronds autour de leur cou pour la chance, ou les suspendaient dans leur maison avec un morceau de ruban ou de ficelle de couleur vive.

Les longs fossiles pointus appelés bélemnites ont une forme quelque peu phallique, et sont donc doublement magiques, car tout ce qui est un symbole de vie est aussi un porte-bonheur. Ils sont parfois connus comme « des pierres à tonnerre » ou « des coups de tonnerre » ; peut-être les confond-on avec des météorites. Il s’agit en vérité du coquillage interne fossilisé d’un céphalopode, des ancêtres préhistoriques de nos encornets et seiches.

J’ai entendu parler de l’usage d’un fossile de ce type sous forme d’amulette pour fortifier le bétail. Il était utilisé avec deux galets parfaitement ronds, pour symboliser les testicules. Les trois objets ont été baignés dans l’eau que le bétail devait boire.

Le jais et l’ambre sont deux matières considérées comme magiques depuis bien longtemps. Ce sont en réalité des fossiles, bien qu’ils ne soient pas toujours reconnus comme tels. L’ambre est une résine fossilisée et le jais est du bois fossilisé. C’est la raison pour laquelle l’ambre montre des propriétés électriques lorsqu’on le frotte. Le véritable jais fait de même, et il est donc connu comme étant « l’ambre noir » ; ce que l’on vend aujourd’hui sous le nom de jais n’est en fait que du beau verre noir et non du jais. L’ambre et le jais sont deux des porte-bonheur les plus vénérables, souvent retrouvés sous forme de collier dans les sépultures préhistoriques. A cause de leurs propriétés électriques, ils ont été perçus comme ayant de la vie en eux ; en un sens, c’est vrai puisqu’il s’agit de pierres semi-précieuses qui, à l’origine, étaient des choses vivantes.

Il y a longtemps, le jais était porté comme protection contre la sorcellerie, et pour soulager la mélancolie et la dépression, ainsi que pour se préserver des cauchemars. Il était sacré pour Cybèle, la Grande Mère.

L’ambre était également porté comme protection contre la magie et la sorcellerie, et on pensait qu’il garantissait la santé et prévenait des infections. C’est la raison de sa popularité sous forme d’embouchure à pipe et de porte-cigarette ou cigare.

Extrait de « ABC of Witchract », Phoenix Publishing