Alrunes

Mandragora (détail) tiré du manuscrit de Discoride : De Materia Medica

Les poupées magiques m’ont toujours fasciné. J’en ai fabriqué de différentes sortes et j’ai toujours apprécié ce genre de travail magique. La vieille prêtresse qui nous a appris un peu de sa magie nous a souvent parlé de ces « racines gardiennes ». À peu près dans les mêmes termes que ce livre acheté chez un bouquiniste parisien il y a longtemps :

[…] Les sorciers nommaient mandragores de petites poupées fabriquées avec sa racine, et c’est sous cette forme qu’ils les consultaient dans les cas embarrassants.

Les anciens Germains avaient aussi des mandragores qu’ils nommaient Alrunes. Ils révéraient ces figures comme les Romains leurs dieux lares, et comme les noirs leurs fétiches.

Ces mandragores prenaient soin non seulement des maisons confiées à leur garde, mais encore de toutes les personnes qui les habitaient. Ces statues étaient taillées dans la racine de la plante. On les habillait très proprement, on les couchait dans de petits coffrets ; toutes les semaines, on les lavait avec du vin et de l’eau, et à chaque repas on leur servait à boire et à manger. Faute de ces soins, elles poussaient des cris comme des enfants qui auraient souffert de la faim et de la soif, et cette circonstance attirait généralement des grands malheurs. Enfin, on les tenait dans un lieu spécial, d’où on ne les retirait que pour les consulter.

Dès qu’on avait le bonheur d’avoir chez soi de pareilles figures (hautes de huit à neuf pouces), on se croyait heureux. On ne craignait plus aucun danger, on attendait la santé et la guérison des maladies les plus rebelles. Chose plus admirable encore : elles faisaient connaître l’avenir ; on les agitait pour cela et on croyait saisir la réponse dans les hochements de la tête que ce mouvement leur imprimait.

On assure que cette superstition, qui existait chez les anciens Germains, subsiste encore aujourd’hui parmi les peuples de la basse Allemagne, du Danemark et de la Suède. […]

Extrait du livre Les Plantes Magiques et la Sorcellerie par E. Gilbert (1899).

Voilà, un joli prétexte (entre autres) pour m’essayer à la culture de la mandragore. Il paraît que ce n’est pas chose facile, on verra bien. :o)

Si le sujet vous intéresse, voici deux autres articles :

La bryone et le magistellus

Connaissances des plantes

Dagydes du jardin :)

Je ne suis pas très motivée ces jours-ci pour écrire de nouveaux articles.  J’ai pourtant commencé quelques brouillons, j’ai envie de parler notamment des offrandes… Mais, j’ai l’impression que j’ai besoin de faire une pause alors je m’amuse à traduire des rituels pour le Sidh : samhain, mabon, handparting (c’est le rituel qui dissout le handfasting), pour les nouveautés, c’est ici. Je fais aussi du tri, du ménage et du rangement, histoire d’avoir un endroit net pour poursuivre la fabrication d’onguents, d’huiles et d’encens que j’aimerai partager bientôt sur ce blog.

En attendant, voici des photos de deux « dagydes du jardin » :) Vous savez, les dagydes, ces poupées que les sorciers consacrent et emploient pour guérir, protéger ou envoûter. Si ça ne vous dit rien, je vous renvoie vers un article que j’ai écrit il y a quelques années.

Carotte magique :-p

Jolie bryone :-)

Si le sujet vous intéresse, voici d’autres articles sur le sujet :

Bryone & Magistellus

bryoneLes bryones (ou encore nommées navet du diable, mandragore grimpante, fausse mandragore) poussent partout dans le jardin et alentours. En plantant nos pommes de terre, nous sommes tombés sur une racine de bryone. Nous l’avons malheureusement cassée en plusieurs morceaux, mais j’ai récupéré le tout pour tenter de les faire sécher.

La racine, en plusieurs morceaux.

La racine de bryone a souvent été utilisée en magie pour remplacer la mandragore, qui est bien plus rare. Elle peut avoir une forme humanoïde et c’est pour cette raison qu’elle était prisée par les sorciers. Le plus souvent, elle servait à la réalisation de dagyde.

Paul Huson dans son Guide Pratique de la Sorcellerie en fait notamment un magistellus.

Voici un extrait du livre, qui malgré son côté désuet reste intéressant.

Magistellus est un mot latin qui veut dire « petit maître », et sorciers et sorcières l’emploient assez curieusement pour désigner l’un de leurs petits serviteurs magiques. Le terme « familier » a été inventé par les autorités ecclésiastiques pendant les persécutions, quand il s’agissait d’établir que le sorcier avait un rapport quelconque avec un démon, son démon « familier », par l’intermédiaire d’un animal « familier ». Fondamentalement, il existe trois types de magistellus.

  1. D’abord, l’animal « totem » qui symbolise le courant de sorciers dont vous pourrez faire partie. Le type de cet animal est adopté par les membres du couvent lors de sa formation, après de nombreuses séances d’introspection et de divination.

  2. Le second type de magistellus qu’on trouve dans le répertoire magique est simplement l’animal favori mentionné plus haut. En le chargeant d’une malédiction—ou d’une bénédiction—dirigée contre une personne, il suffira que cette dernière entre en contact avec l’animal pour recevoir votre décharge. Méfiez-vous du chien ou du chat de vos amis, n’oubliez pas de porter une amulette de quelque sorte avant de le dorloter !

  3. Le troisième type de magistellus, le serviteur magique, est le plus important de tous. […]  Ce type de magistellus devient votre esprit protecteur.

Bien que la bryone soit vénéneuse, les rebouteux de ma région employaient en usage interne le suc de sa racine comme vomitif et purgatif. Ils l’utilisaient également sous forme de teinture pour combattre la grippe et certaines affections pulmonaires. Ils fabriquaient aussi un cataplasme avec la racine fraiche râpée pour soulager rhumatismes, goutte, contusions et ecchymoses.

Quelques articles qui parlent de cette plante ainsi que des dagydes :