Le Dieu des Sorcières par Margaret Murray, éditions Denoël, collection La Tour Saint Jacques, 1957. Je l’ai trouvé il y a quelques années sur le net, en français et en très bon état pour assez peu cher. A l’époque, je l’ai lu par petit bout puis oublié sur une étagère de ma bibliothèque. Malgré les théories farfelues et les invraisemblances de ce bouquin, j’ai repris sa lecture et je compte bien aller jusqu’au bout cette fois-ci ^^ Voici un extrait qui parle du chaudron… L’acte de renverser le chaudron renvoie-t-il aux Nornes qui versaient le contenu de leur chaudron sur les racines de l’Arbre Monde ?
Les cérémonies magiques. La magie tient une place prépondérante dans les procès de sorcellerie. Il ne faut pas oublier à propos des sorciers et de la magie que tout phénomène, jugé contraire aux lois naturelles, produit par des moyens humains, est miraculeux si l’opérateur appartient à une autre religion. Quand on lit les relations chrétiennes des merveilles accomplies par les sorciers, il est utile de toujours garder en mémoire la phrase fameuse de Grimm : « Le miracle est divin, la magie est démoniaque. »
Le chaudron est, selon les croyances populaires, l’un des accessoires les plus importants de la sorcière; il joue aussi un rôle de premier plan dans Macbeth; et cependant, il n’apparaît pas très souvent dans les comptes rendus des procès. Il fut assez en vogue en Alsace à la fin du XVIème siècle; et nous savons très exactement à quoi il servait; les ingrédients utilisés ne sont pas nommés; on faisait bouillir la préparation en présence du Diable* et de tous les sorciers, tandis qu’on récitait des prières et des charmes. L’opération terminée, on retournait le chaudron dont le contenu se répandait à terre ; ou bien on partageait le liquide entre les fidèles qui en aspergeait ensuite l’endroit de leur choix. L’effusion du liquide avait pour but la production du brouillard : la vapeur qui se dégageait était le moyen sympathique capable de l’amener. Tout le cérémonial qui entoure la préparation du liquide a évidemment une origine religieuse. Aux temps où les sorcières étaient les prêtresses d’un culte qui était lui-même à son apogée, elles bénissaient les récoltes avec le produit sacré, comme les prêtres le font aujourd’hui avec l’eau bénite. Un phénomène identique s’est produit à propos de maintes cérémonies de sorcellerie : le sens originel s’est perdu; la nouvelle religion a, sans guère les modifier, adopté les anciens rites, tandis que la forme primitive des mêmes rites tombait dans le discrédit et était frappé de l’interdit de l’Eglise. Le chaudron servait également à des fins domestiques : aux sabbats, on y faisait cuire le repas. « Il y avait un grand chaudron sur le feu auquel chacun allait puiser sa nourriture », déclarèrent à Boguet les sorcières françaises. Rien ne saurait mieux indiquer le caractère primitif du culte et de ses fidèles que l’usage d’une marmite commune à toute la société. Remarquons encore, à ce propos, l’importance des chaudrons à la fin du bronze et au début de l’âge de fer.
* Certains pensent que le Diable était en fait, l’homme en noir, le Maître du Coven, l’homme désigné pour diriger les rites.