Le Jardin d’Artémis

Daria Werbowy est Artémis (par Karl Lagerfeld)

Artémis était un déesse ambivalente ; elle pouvait aussi bien provoquer la maladie qu’accorder la santé (Asselman, 1883: 4). Dans le monde Hellène, elle était une sorcière étrangère. Elle était aussi la déesse du monde-souterrain comme l’a fait remarquer Théocrite dans une prière :  « Toi, Artemis, tu pourrais ébranler même les portes d’acier de l’Hadès et tout ce qu’il y a de plus dur au monde. » Artémis était souvent identifiée à Hécate et comparée à Diane l’italienne. Éphèse était un centre religieux dédié à Artémis. Un jour, lorsque l’opulente cité a été frappée par une épidémie, l’oracle d’Apollon informa le peuple qu’un culte devrait être dédié à Artémis Soteira, la « sauveuse ». De plus, une statue d’Artémis, portant une torche dans chaque main, devait être adorée. Ceci permettrait aux poupées de cire de fondre, poupées de cire qui par sorcellerie firent naitre l’épidémie ; et ainsi de chasser la maladie (Graf, 1996:150).

À Éphèse, une Artémis aux nombreux seins était adorée. Éphèse était également le lieu de cultes à mystère extatique, dont les fidèles étaient appelés màgos. Le premier auteur chrétien Clément d’Alexandrie polémiqua contre ces rites païens.

Pour qui prophétise Héraclite d’Ephèse ? Pour les adeptes de la nuit – le magoi, les bacchantes, les ménades, les mystiques. Il menace ceux-ci de ce qui est après la mort, à ceux-ci il prédit le feu. Sans sacralité en vérité, ceux-ci sont initiés aux mystères qui se pratiquent parmi les hommes. (Protrepticus 22).

Malheureusement, il n’y a guère d’autres sources qui décrivent un culte à mystère initiatique dédié à Artémis. Cependant, elle était hautement révérée au sein des rites dionysiaques et orphiques. Au cours des rites orphiques, on lui apportait du storax comme encens d’offrande.

Le jardin d’Artémis était la nature sauvage. C’était là que la déesse-chamane aimait passer son temps. C’était là qu’elle trouvait ses plantes médicinales et ses herbes magiques : « Il y a trois types d’Artemesia. Toutes trois et leurs effets guérisseurs ont été découverts par la déesse Diane. Elle transmit cette armoire à pharmacie au centaure Chiron, qui fut le premier à la transformer en remèdes. C’est pourquoi ces plantes portent le nom de Diane, ou plutôt Artemesia » (Medicina antiqua 13, fol. 32 r).

L’armoise (Artemesia vulgaris L.) tient la première position. C’est une plante sacrée de la déesse. Dans les temps anciens, elle était appelée Artemesia monoclonos et était un remède important.

Lorsque les gens portent sur eux la plante artemesia, ils ne ressentent pas la difficulté de la route. Garder à la maison, elle chasse les démons, protège de la mauvaise médecine et détourne le mauvais œil. Broyer l’artemesia dans du saindoux et s’en masser les pieds soulage les douleurs. L’artemesia hachée puis pulvérisée est administrée sous forme de boisson avec de l’eau et de l’hydromel ; elle dissipe les douleurs intestinales et divers états de faiblesse (Medicina antiqua 11, fol. 30 r).

L’estragon (Artemisia dracunculus L.) était appelé Artemesia tagantes et n’était pas uniquement utilisé comme aromate mais aussi, de nombreuses façons, comme plante médicinale.

Contre les douleurs et les étranglements de la vésicule. Pour ceux qui n’ont pas de fièvre, donner à boire 2 scrupules (ndlt : mesure d’apothicaire, 1 scrupule correspond à 20 grains soit environ 1,29 grammes) de jus d’artemesia dans un verre de vin ; pour ceux qui ont de la fièvre utiliser deux verres d’eau chaude. Contre les douleurs aux hanches : réduire en poudre la plante Artemesia tagantes et la mélanger à du saindoux et du vinaigre ; au troisième jour, [les douleurs] seront guéries sans complications. Contre les douleurs neurologiques : la poudre de la plante Artemesia tagantes marche bien avec de l’huile en frictions sur le peau ; elle guérit merveilleusement… Brûler de l’artemesia et la laisser fumer au-dessus de l’enfant, cela chassera tout dangers et rendra l’enfant heureux (Medicina antiqua 12, fol. 31 r).

L’absinthe romaine (Artemesia pontica L.) était utilisée principalement contre les douleurs neurologiques.

L’Artemesia leptafillos est réduite en poudre et travaillée avec de l’huile d’amande en une sorte de baume. Ce baume est ensuite étalé sur un morceau de lin propre [un bandage est fait] ; au cinquième jour, la guérison sera complète. Lorsque les racines de l’artemesia sont suspendues au-dessus du seuil d’un bâtiment, personne dans la maison ne sera blessé. Fabriquer une huile de massage à partir du jus de l’Artemesia leptafillos et d’huile de rose ; cela calme la douleur et les tremblements, et dissipe tous les problèmes (Medicina antiqua 13, fol. 32 r).

Extrait du livre Witchcraft Medicine par Müller-Ebeling, Rätsch, Wolf-Dieter Storl. Traduction Lune

Cimaruta

CIMARUTA

Par Doreen Valiente, traduction Lune

Extrait de « An ABC of Witchcraft », éditions Phoenix.

Cimaruta. Cette amulette de la sorcière italienne, représentant un brin de rue, est entourée ici par d’autres amulettes issues de la collection de l’auteur (Doreen Valiente).

La cimaruta, ou cima di ruta, est une belle et insolite amulette, appartenant à la tradition sorcière italienne. Vous trouverez dans ce livre un bel exemple de cimaruta sous la forme d’une illustration.

Le nom de cette amulette signifie  » un brin de rue ». La rue (Ruta graveolens) est parfois appelée l’Herbe de Grâce ; et la rue et la verveine sont supposées être les deux plantes les plus plaisantes à la déesse Diana, la reine des sorcières italiennes.

La cimaruta doit être en argent car c’est le métal de Diana. En plus de la représentation du brin de rue, elle doit également comporter une fleur de verveine à cinq pétales, la lune décroissante pour bannir tout mal, une clef qui est l’attribut d’Hécate, et un poisson, qui est un symbole phallique.

Passablement répandue au XIXème siècle, la cimaruta n’est pas aussi bien connue dans l’Italie moderne. Du moins, l’auteur a montré cet exemple de cimaruta aux italiens, et ils n’ont pas su ce que c’était ; peut-être ont-ils pris soin de ne pas l’identifier, du fait de son association à la sorcellerie, « la Vecchia Religione », ou « l’Ancienne Religion ».

La Pierre de Diane

En se promenant par chez nous, on trouve tout un tas de jolies pierres blanches.  Ce quartz blanc, les gamins du coin s’amusaient à créer des étincelles en tapant deux de ces pierres l’une contre l’autre. Au hasard de mes lectures, j’ai appris qu’il existait une carrière de quartz blanc dans un bois non loin de chez nous. La légende raconte que ce quartz aurait servi à l’édification d’un temple dédié à Diane. Le quartz blanc est une pierre liée à la lune.

Quelques pierres trouvées dans le jardin

Le quartz est surement la pierre avec laquelle j’ai le plus d’affinités. Lorsque je confectionne un charme (boîte à souhait, sac-amulette…) j’utilise un quartz.  Lorsque je fais un travail de guérison, il m’est aussi grandement utile. Il pulse dans ma main et son pouvoir ne fait aucun doute pour moi :) Les résultats sont d’ailleurs toujours là très rapidement.

Dans la région, les galets de quartz étaient, et sont toujours, utilisés comme des « pierres à venin ». Ces pierres ont la capacité de guérir les morsures de serpent, les piqures d’insectes et certaines maladies cutanées.

Les cailloux de quartz étaient également appelés « pierres de la dysenterie ». On les chauffait au rouge puis on les plaçait dans du lait que le malade ingéré.

Invocation de la Déesse de la Lune

Invocation de la Déesse de la Lune

par Doreen Valiente, traduction Lune

Diane, reine de la nuit,

Dans toute ta resplendissante beauté ,

Illumine-nous ici,

Et avec ton rayon d’argent

Ouvre les portes du rêve ;

Élève-toi claire et lumineuse.

Sur terre, sur mer et dans les cieux,

Ton mystère magique

Jètera son sortilège,

Partout où la feuille peut s’épanouir,

Partout où la vague peut rouler,

Jusqu’à ce que tout soit passé.

Ô reine secrète de pouvoir,

En cette heure enchantée

Nous demandons ta bénédiction.

Puisse toutes vraies sorcières

Recevoir les faveurs du destin.

Ô Dame Lune !

Image par Falero Luis Ricardo.