Les fossiles utilisés comme talismans

Par Doreen Valiente ©, traduction Lune

Collection de l’auteur

Cela a toujours été une pratique de sorcières d’utiliser des choses qui sont d’une certaine manière saisissantes et mystérieuses. De cette façon, elles impressionnaient fortement leur esprit avec ce qu’elles tentaient de faire.

Les fossiles ont longtemps été considérés comme des objets vraiment mystérieux, apparaissant comme des produits de la Nature transformés en pierre. Par exemple, les fossiles en spirale appelés ammonites étaient parfois connus comme des pierres serpents. On croyait qu’un serpent enroulé était devenu une pierre. En fait, il s’agit des restes d’une sorte de coquillage géant, aux allures d’escargot. Mais même lorsque nous savons ce que sont ces fossiles, il est étrange de tenir dans sa main ce qui fut une créature qui a vécu il y a des millions d’années.

Le micraster coranguinum (shepherd’s crown en anglais) est un fossile à qui l’on attribue de grandes propriétés magiques, il s’agit d’une sorte d’oursin de mer fossilisé. Ils possèdent souvent une forme de cœur parfaite, avec un dessin à 5 branches sur le dessus. Une variété relativement similaire, bien que plus haute et plus ronde, est nommée « fairy loaves », pains de fée.

Ces oursins de mer fossilisés ont été découverts dans des tombes néolithiques ; et ils pourraient s’agir de la pierre (« glane-stone » dans le texte) magique des Druides, du fait qu’elle corresponde à la description donnée par les écrivains antiques. Leur fonction magique remonte donc à la grande antiquité.

Dans le Sussex, ceux qui résidaient dans des cottages (ndlt : maison campagnarde anglaise) avaient l’habitude de placer des micraster coranguinum (ndlt : oursins fossiles en forme de cœur) sur le rebord de leurs fenêtres afin de protéger leur maison de la foudre, de la sorcellerie et du mauvais œil. Si un fermier en trouvait un lorsqu’il creusait et labourait, il le ramassait, crachait dessus et le balançait par dessus son épaule gauche. Tout ceci était fait pour éviter la malchance.

Je me souviens que ma mère me racontait comment sa mère avait l’habitude de placer de grands fossiles d’oursin (ndlt : ceux en forme de cœur) sur le manteau de cheminée chez elle. Ils étaient un bien précieux et ma grand-mère avait l’habitude de les polir régulièrement avec de la cire noire à chaussure ! La raison n’est pas claire ; peut-être y avait-il derrière cela quelqu’idée selon laquelle on devait rendre certains services réguliers et attentions aux objets magiques, bien que cela ait pu être simplement une manie Victorienne de polir les objets. Leur présence au-dessus du foyer, bien sûr, avait pour but de protéger la cheminée, un moyen potentiel pour les mauvaises influences d’entrer. On avait l’habitude de menacer les méchants enfants en leur disant que « quelque chose de mauvais descendrait de la cheminée pour les chercher. »

Un autre fossile était utilisé comme amulette protectrice pour la maison : la pierre sorcière. Parfois, ce nom est également donné à un silex troué ; mais la véritable pierre sorcière du Sussex est un petit fossile possédant la forme parfaite d’une perle – ronde, blanche, vaguement brillante et avec un trou au milieu. On trouve également ces fossiles dans le Yorkshire et en d’autres lieux. Ce sont en fait des éponges fossiles, le produit des mers chaudes vieux de millions d’années. Leur juste nom est Porosphaera globularis. Les gens portaient ces ronds autour de leur cou pour la chance, ou les suspendaient dans leur maison avec un morceau de ruban ou de ficelle de couleur vive.

Les longs fossiles pointus appelés bélemnites ont une forme quelque peu phallique, et sont donc doublement magiques, car tout ce qui est un symbole de vie est aussi un porte-bonheur. Ils sont parfois connus comme « des pierres à tonnerre » ou « des coups de tonnerre » ; peut-être les confond-on avec des météorites. Il s’agit en vérité du coquillage interne fossilisé d’un céphalopode, des ancêtres préhistoriques de nos encornets et seiches.

J’ai entendu parler de l’usage d’un fossile de ce type sous forme d’amulette pour fortifier le bétail. Il était utilisé avec deux galets parfaitement ronds, pour symboliser les testicules. Les trois objets ont été baignés dans l’eau que le bétail devait boire.

Le jais et l’ambre sont deux matières considérées comme magiques depuis bien longtemps. Ce sont en réalité des fossiles, bien qu’ils ne soient pas toujours reconnus comme tels. L’ambre est une résine fossilisée et le jais est du bois fossilisé. C’est la raison pour laquelle l’ambre montre des propriétés électriques lorsqu’on le frotte. Le véritable jais fait de même, et il est donc connu comme étant « l’ambre noir » ; ce que l’on vend aujourd’hui sous le nom de jais n’est en fait que du beau verre noir et non du jais. L’ambre et le jais sont deux des porte-bonheur les plus vénérables, souvent retrouvés sous forme de collier dans les sépultures préhistoriques. A cause de leurs propriétés électriques, ils ont été perçus comme ayant de la vie en eux ; en un sens, c’est vrai puisqu’il s’agit de pierres semi-précieuses qui, à l’origine, étaient des choses vivantes.

Il y a longtemps, le jais était porté comme protection contre la sorcellerie, et pour soulager la mélancolie et la dépression, ainsi que pour se préserver des cauchemars. Il était sacré pour Cybèle, la Grande Mère.

L’ambre était également porté comme protection contre la magie et la sorcellerie, et on pensait qu’il garantissait la santé et prévenait des infections. C’est la raison de sa popularité sous forme d’embouchure à pipe et de porte-cigarette ou cigare.

Extrait de « ABC of Witchract », Phoenix Publishing