Les forêts ne sont pas les seules à craindre les tornades. On peut se retrouver couché par ses propres tempêtes, par les neiges de silence, par le travail des mots qu’on n’entend plus mais qui, profonds sous l’écorce, forent jusqu’au cœur. Et quand, un calme revenu, on se redresse, ce doit être avec prudence et modestie. La cime détruite, tentons alors de repartir de souche avec le bouleau frère des fées, l’aulne qui veille aux gués de la peur, le frêne bienveillant aux amours incertaines, le chêne blanc surtout, foule d’amis malingres et tenaces des collines d’ici, qui donnent leur espérance à ces terres plus généreuses de cailloux que de blé, et punies d’abandon – capables de forêts, pourtant, comme nous autres de pardon.
Ainsi rejette Le livre des arbres.
Le Livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux de Pierre Lieutaghi