Teintures de fée

De la laine, de toutes les couleurs…

« Pour colorer leurs vêtements les fées recouraient aux mêmes teintures et aux mêmes procédés que les paysans de notre époque. Une quantité considérable de plantes indigènes fournissaient des matières colorantes ; elles poussent dans toutes les régions des îles Britanniques et les teintures qu’elles permettent d’obtenir couvrent toute la gamme des couleurs ; on sait que les lichens donnent des rouges, des jaunes et des bleus magnifiques ; l’homme utilise également, depuis des temps immémoriaux, les racines, l’écorce, les feuilles et les fruits d’un nombre incroyable de plantes et d’arbres : la combinaison des matières colorantes permet d’obtenir une infinité de nuances. Notons cependant qu’aucun texte ne mentionne le jaune à propos des fées ; les teintes dominantes sont le bleu, le noir, le vert ; le rouge vient ensuite. Mais la prédilection des fées allait au vert, et la raison en est sans doute très simple : dans les forêts le vert les dissimulait quand elles chassaient le gibier ; et plus tard traquées à leur tour, le vert les camouflait encore si elles se tapissaient dans les bruyères, ou parcouraient les bois. Les vêtements blancs sont, eux aussi, assez communs : confectionnés de la toile et blanchis au soleil. Les narrateurs décrivent souvent les fées occupées à étendre leur linge sur l’herbe, et s’émerveillent toujours de la blancheur du tissu. On a d’ailleurs vu plus haut que les vêtements blancs de la Reine des fées avaient retenu l’attention d’Isobel Gowdie. »

Extrait du livre : « Le Dieu des Sorcières » par Margaret Murray.

Ce printemps, nous avons prévu de tondre les brebis familiales et de récupérer leur toison. Malgré mes tentatives ratées de filage  au fuseau l’été dernier, j’aimerai persévérer et fabriquer moi-même notre laine, de la tonte à la teinte, en passant par le nettoyage, le cardage et ce fameux filage… qui me donne tant de fil à retordre :o) J’ai récupéré quelques graines de plantes tinctoriales pour cela. J’en cherche encore, notamment la garance, pour son beau rouge. Ces jours-ci, j’aimerai faire quelques essais avec les plantes que j’ai sous la main et ce sur de la toile de coton. J’espère bien quelques belles réussites, j’en reparle dans quelques jours si tout va bien !

Alrunes

Mandragora (détail) tiré du manuscrit de Discoride : De Materia Medica

Les poupées magiques m’ont toujours fasciné. J’en ai fabriqué de différentes sortes et j’ai toujours apprécié ce genre de travail magique. La vieille prêtresse qui nous a appris un peu de sa magie nous a souvent parlé de ces « racines gardiennes ». À peu près dans les mêmes termes que ce livre acheté chez un bouquiniste parisien il y a longtemps :

[…] Les sorciers nommaient mandragores de petites poupées fabriquées avec sa racine, et c’est sous cette forme qu’ils les consultaient dans les cas embarrassants.

Les anciens Germains avaient aussi des mandragores qu’ils nommaient Alrunes. Ils révéraient ces figures comme les Romains leurs dieux lares, et comme les noirs leurs fétiches.

Ces mandragores prenaient soin non seulement des maisons confiées à leur garde, mais encore de toutes les personnes qui les habitaient. Ces statues étaient taillées dans la racine de la plante. On les habillait très proprement, on les couchait dans de petits coffrets ; toutes les semaines, on les lavait avec du vin et de l’eau, et à chaque repas on leur servait à boire et à manger. Faute de ces soins, elles poussaient des cris comme des enfants qui auraient souffert de la faim et de la soif, et cette circonstance attirait généralement des grands malheurs. Enfin, on les tenait dans un lieu spécial, d’où on ne les retirait que pour les consulter.

Dès qu’on avait le bonheur d’avoir chez soi de pareilles figures (hautes de huit à neuf pouces), on se croyait heureux. On ne craignait plus aucun danger, on attendait la santé et la guérison des maladies les plus rebelles. Chose plus admirable encore : elles faisaient connaître l’avenir ; on les agitait pour cela et on croyait saisir la réponse dans les hochements de la tête que ce mouvement leur imprimait.

On assure que cette superstition, qui existait chez les anciens Germains, subsiste encore aujourd’hui parmi les peuples de la basse Allemagne, du Danemark et de la Suède. […]

Extrait du livre Les Plantes Magiques et la Sorcellerie par E. Gilbert (1899).

Voilà, un joli prétexte (entre autres) pour m’essayer à la culture de la mandragore. Il paraît que ce n’est pas chose facile, on verra bien. :o)

Si le sujet vous intéresse, voici deux autres articles :

La bryone et le magistellus

Connaissances des plantes